Emad Jarar : Une nuit à Aden II

Une nuit à Aden   (tome II)    par      Emad Jarar

Iggy Book (2018), 395 pages.

 

 

Cette suite au tome I d’Une nuit à Aden est nettement plus romancée, avec des temps très forts, beaucoup d’introspection, énormément de considérations religieuses et une histoire qui finit bien. Grâce à Babelio et à Emad Jarar, j’avais reçu les deux tomes en même temps mais j’ai laissé passer volontairement du temps avant de lire cette suite.

 

 

Si le tome 1 visait un but pédagogique, détaillant méthodiquement les sourates du Coran ainsi que les implications de la Sunna, il contenait quelques éléments essentiels à la compréhension de l’histoire développée dans le tome 2. En effet, Emad Erraja, le héros, avant d’être nommé au Yémen sur un poste de l’ONU, avait travaillé et vécu à New York où il avait rencontré une jeune française, Adèle, et développé un amour fou pour elle qui menaçait de tomber dans les filets d’un islamiste.

 

 

À la fin du premier tome, il nous avait présenté son travail au Yémen et nous le retrouvons là-bas, en 1991, dans un pays réunifié mais sous la menace des tribus sunnites du sud et de l’est car le conflit irakien déséquilibre tout le Moyen-Orient. Les islamistes yéménites rentrent d’Afghanistan et le FIS (Front islamique du salut) a le vent en poupe en Algérie et se prépare à prendre le pouvoir au FLN tout puissant depuis l’indépendance.

 

 

Errad file le parfait amour avec une pédiatre bulgare, Yuliya, et ils se déplacent dans le pays avec une fausse attestation de mariage car : « Les relations adultères et le concubinage, illicites selon la Sharia, étaient passibles de sanctions pénales. » En tant que musulman, Errad doit se soumettre à la loi islamique mais voilà qu’un contrôle, sur un barrage routier va avoir de terribles conséquences impossibles à révéler pour ne pas divulgâcher –j’adore ce mot hérité de nos cousins québécois et qui vient d’entrer dans le dictionnaire - la suite de l’histoire.

 

Un officier, visiblement membre des Frères musulmans est très suspicieux, pose quantité de questions et oblige Errad à se fâcher, se faisant traiter de mécréant… Finalement, les deux tourtereaux parviennent à Aden : « Dans la péninsule arabique, Aden était un peu un havre pour les non-musulmans en quête de s’affranchir des rites austères de la Sahria. »

 

 

Soudain, le roman s’emballe et plonge dans l’horreur. L’auteur révèle un grand talent pour exprimer ses sentiments, ses souffrances, ses pensées, ses espoirs, son horreur devant le sort qui est fait à son héros. De nombreuses mises au point sont encore faites analysant très finement les implications dans la vie quotidienne d’une religion comme l’islam.

 

 

Il y a de l’action aussi mais la fin bascule complètement dans la religiosité avec un choix cornélien entre judaïsme et chrétienté que je peux comprendre. Par contre, la référence constante à Dieu, l’inscription d’un enfant dans une école confessionnelle parce qu’il paraît qu’il n’y a pas mieux, cela me révulse vraiment. Dommage que l’auteur n’ait pas mis en exergue la laïcité qui permet à toutes les religions et surtout à ceux qui n’en veulent pas de vivre en paix dans notre pays.

 

 

Cet aspect du roman m’a fortement déplu, comme la pirouette finale, dans une église, bien sûr !

Jean-Paul

 

 

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