Maud Simonnot : L'Enfant céleste

L’Enfant céleste       par     Maud Simonnot.

Éditions de L’Observatoire  (2020) 165 pages.

 

Trois parties composent ce roman, véritable ode au cosmos et à la nature.

 

La première « À la dérive », est l’histoire d’une jeune femme Mary que son compagnon Pierre vient de quitter sans autre explication que ce message « Je n’aurais pas voulu mettre de tristesse dans ta vie mais je voudrais qu’on arrête. » suivi de cette phrase : « Je ne peux pas faire l’amour sans amour. » Lorsque sa psy lui demande si elle a eu déjà le sentiment d’être abandonnée, elle repense alors à son père qui s’est suicidé alors qu’elle avait 7 ans.

 

Il y aussi son fils Célian, 10 ans, cet enfant rêveur hypersensible, cet enfant surdoué qui s’ennuie à l’école, qui préférerait se promener dans la nature et observer les animaux. Tous deux souffrent.

 

Lors d’un court séjour chez sa mère dans le Morvan où ils retrouvent la nature,  Mary se souvient alors : « Depuis l’allée, tandis que je fixais la constellation d’Orion au sud de la voûte étoilée a reflué le souvenir, dans ce même jardin, d’un ciel d’été trente ans plus tôt. Le dernier  souvenir heureux de ce père, qui m’avait enseigné le nom des constellations, et celui de Tycho Brahe. » « Tu sais Mary, il a été le premier à cartographier le Ciel si précisément. À sa mort il était le scientifique le plus célèbre du monde. » C’était au XVIe siècle.

 

Cette femme qui ne ressent que l’appel du vide et une extrême fatigue décide alors d’aller passer quelques mois avec son fils sur l’île de Ven, sur laquelle, grâce au soutien du roi Frédéric II du Danemark, Tycho Brahe avait  fait construire le palais d’Uraniborg (maquette ci-dessous), un lieu d'études et un véritable centre de recherche avant l'heure, muni d'un observatoire, le plus grand de l’Occident, mais aussi d'un centre artisanal pour la confection des instruments et d'une imprimerie pour diffuser ses travaux. En donnant la priorité à l’observation, il rompait avec la tradition.

 

Ce sera donc le titre de la deuxième partie « L’île ». Une dernière intitulée « Un dernier rivage », le retour à Paris, sera en quelque sorte l’épilogue.

 

Maud Simonnot (photo ci-dessus) s’appuie donc sur la biographie de Tycho Brahe, cet astronome danois bien réel, précurseur de l’astronomie moderne,   qui avait fait construire un palais pour observer les étoiles, tout en prenant la liberté de lui prêter des pensées et des sentiments comme à un personnage de fiction. C’est très réussi et je dois avouer qu’avant la lecture de cet ouvrage, je ne connaissais pas le personnage ni l’importance de ces travaux et encore moins les parallèles qui ont été faits entre la vie de ce grand astronome et le drame d’Hamlet, Shakespeare s’en serait inspirée pour l’écrire. J’ai donc beaucoup appris !

Mais ce que j’ai le plus apprécié, c’est d’abord toute la mélancolie qui se dégage des premières pages avec cette solitude dans laquelle sont plongés Mary et Célian et leur envie d’en sortir. Tout le roman baigne dans la tendresse et l’amour que cette mère porte à son fils et nous rappelle comment la lecture peut apporter l’évasion. Ce fils, véritable lumière, brille et illumine les pages par sa grande pureté et sa faculté d’émerveillement envers la nature. Ce séjour très contemplatif sera une véritable source de régénérescence, effaçant peu à peu leurs blessures.    

                                                             

L’abandon, la différence, la solitude sont les thèmes principaux de ce livre, véritable voyage en terre de poésie. Mais il s’agit aussi d’une quête d’autonomie, un départ et un voyage au cœur de la nature pour tenter de retrouver une quiétude de l’esprit et réaliser ce dont on a envie.

 

L’enfant céleste est un récit empreint de beauté, de douceur de sensualité et d’amour, d’une extrême délicatesse, porté par une avalanche d’émotions.

Ghislaine

 

Tableau ci-dessus :

Tycho Brahe donne un cours d'astronomie à l'empereur Rodolphe II (Edouard Ender).

 

L’Enfant céleste      par    Maud Simonnot.

Éditions de L’Observatoire  (2020) 165 pages.

 

Voyage tout en érudition et poésie, L’Enfant céleste, roman de Maud Simonnot (photo ci-dessous), a été une lecture apaisante et délicieuse.

 

Au début, je suis un peu désorienté puis j’entre vite dans ce récit, ces confidences d’une mère, Mary, qui vient d’être abandonnée par Pierre qu’elle aime. De temps à autre, son fils, Célian, se confie et je découvre un enfant, dit surdoué et donc incompris par sa maîtresse qui le juge paresseux alors qu’il déborde d’idées et de passion pour la nature, le vivant.

 

Le récit change d’envergure quand Mary se souvient de son père qui, trente ans plus tôt, lui parlait des constellations et d’un certain Tycho Brahe dont je découvre l’histoire. Cet astronome vivait en 1546, en Scanie, province danoise, à l’époque. Son père adoptif étant mort en sauvant de la noyade Frédéric II, roi de Danemark et de Norvège (1559 – 1588), celui-ci lui confie l’île de Ven (photo ci-dessous), aujourd’hui suédoise, afin qu’il puisse observer les astres, à loisir.

Ainsi, Maud Simonnot, par petites touches jamais sentencieuses, offre un passionnant moment d’Histoire. Cela va devenir ensuite très concret puisque Mary et Célian partent en vacances sur cette fameuse île où Solveig les accueille chaleureusement dans son gîte.

 

Avec Mary et Célian, ce sont des moments merveilleux de lecture car, tous les deux, ils profitent au maximum de cette île, donnant vraiment envie d’aller la découvrir. S’il pleut assez souvent, ce n’est pas un problème : on se sèche au retour. Le gîte est suffisamment confortable. De plus, il héberge un vieux professeur anglais que l’autrice nomme Des Essaintes parce qu’il lui fait penser au personnage du roman À rebours de Joris-Karl Huysmans, paru en 1884.

 

Bien sûr, il y a la visite du musée consacré à Tycho Brahe dont le palais, Uraniborg, avait été rasé. C’était, à l’époque, le plus grand observatoire de l’Occident. Cette admiration pour l’astronome n’est pas aveugle puisque l’autrice signale que des prisons souterraines ont été retrouvées et que les marins et les pêcheurs vivant tranquillement  sur Ven ont été obligés de travailler dur pour la construction du palais voulu par un homme qui remit en cause les certitudes acquises depuis l’Antiquité.

L’île de Ven a des ressources. Mary et Célian se déplacent à vélo et, surtout, trouvent en Björn, le frère de Solveig, le meilleur guide possible. Non seulement il connaît parfaitement les lieux mais il est bon marin et se révèle un formidable amant…

 

Pendant ces semaines hors du temps, Célian s’est épanoui, a observé tout ce qui vit sur l’île mais ne manque pas d’être inquiet devant la disparition de tant d’espèces. Malgré tout, c’est complètement apaisé qu’il rentre en France, prêt pour le collège. Mary aussi est guérie du mal d’aimer.

 

L’Enfant céleste, de Maud Simonnot, a été, pour moi, une belle parenthèse littéraire et c’est bien qu’il fasse partie des huit livres sélectionnés pour le Prix des Lecteurs des 2 Rives.

 

Jean-Paul

 

 

 

 

 

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ah, je l'ai vraiment beaucoup aimé, quelle poésie, de la nostalgie, l'amour d'une mère et d'un fils, et une très belle écriture
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