Jean-Luc Seigle : Femme à la mobylette

Femme à la mobylette      par     Jean-Luc Seigle

Suivi de : À la recherche du sixième continent

Flammarion (2017). 238 pages ; J'ai Lu (2018) 320 pages.

 

Après avoir lu En vieillissant les hommes pleurent, et Je vous écris dans le noir, je retrouve avec plaisir Jean-Luc Seigle qui confirme sa grande sensibilité dans un livre qui contient deux parties : un roman et un texte qui va bien plus loin qu’un simple récit de voyage à New York.

 

Femme à la mobylette débute dans une atmosphère oppressante, inquiétante, angoissante. Reine se présente ainsi et devient ainsi très attachante. « Elle est toute débobinée. » Elle a perdu son travail. Olivier, son mari, est parti et elle reste seule avec ses trois enfants : Sacha, Sonia et Igor.

 

 

Reine a 35 ans. Elle a pris du poids, n’a pas lavé ses cheveux depuis trois semaines, est au chômage depuis trois ans et son mari, Olivier,  qui a transformé le jardin en décharge, veut récupérer les enfants, d’où un harcèlement judiciaire. Ainsi, le décor est planté mais il y a ce couteau, sur la table de la cuisine. Quelle séquence ! Désespoir, solitude, absence. Reine est perdue sans personne à qui se raccrocher.

 

 

Le rayon de soleil est double avec cet emploi de thanatopractrice et Jorgen, ce chauffeur-routier, ex-peintre de talent. Ces deux miracles sauveront-ils Reine ?

 

 

L’amour et les morts ont une grande importance dans ce roman. L’auteur nous emmène avec talent sur ces deux thèmes, sans oublier ce don pour la couture qui permet à Reine de réaliser de très belles choses. Il y a les morts dont elle s’occupe avec beaucoup d’humanité et ces femmes qui l’ont précédée : Edmonde, Madeleine, Marguerite, Olympe, sans oublier Anna, sa mère qu’elle n’a pas connue. : « Toutes ces femmes n’ont fait que tendre vers un seul point, toujours le même, la joie d’avoir accompli un rêve. »

 

 

Ensuite, Jean-Luc Seigle (photo ci-dessous) nous emmène À la recherche du sixième continent, de Lamartine à Ellis Island. C’est une relation de voyage mais surtout un texte terriblement actuel.

 

 

Il parle du roman populaire, injustement déconsidéré alors que c’est un roman du peuple qui redonne leur juste place aux femmes. Lamartine, pas seulement poète, en a écrit deux : Geneviève ou l’histoire d’une servante puis Le tailleur de pierre de Saint-Point.

 

 

L’auteur parle de son enfance, de la folie puis de New York et d’Ellis Island, aménagée pour isoler et trier les migrants. En 1903, ils ont été plus d’un million à passer par là. Tous ces pauvres qui tentaient d’échapper à la misère ont construit New York et contribué à développer ce pays où, comme dans le nôtre, l’écart entre les riches et les pauvres ne cesse de se creuser.

 

 

 

Ainsi, nos pays dits développés ne veulent plus accueillir ces migrants, ce peuple, ce continent populaire.  Prenons conscience qu’ils apportent d’immenses richesses à développer : « C’est précisément cela l’obscurantisme moderne : renoncer aux richesses du sixième continent. »

Jean-Paul

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