Luca Di Fulvio : Le Gang des rêves

Le Gang des rêves   par  Luca Di Fulvio.

Slatkine & Cie (2016) 715 pages ; Pocket (2017) 960 pages.

Traduit de l’italien par Elsa Damien.

 

 

 

Le gang des rêves de Luca Di Fulvio, est un magnifique et bouleversant roman d’amour, mais il est tellement plus que cela…

 

 

 

 

L’histoire débute dans le début des années 1900, en Calabre, avec une jeune adolescente Cetta Luminata. Elle n’a que quinze ans quand elle réussit à embarquer au port de Naples avec son bébé de six mois né d’un viol sur l’exploitation  où la famille travaille et dépend du patron. Son seul salut  est de fuir ces terres et d’aller en Amérique quoiqu’il lui en coûte pour parvenir à ses fins.

 

 

 

Comme pour des milliers d’Européens, New-York signifie le rêve américain et son vœu le plus cher  est que son fils devienne un vrai Américain !

 

 

Arrivés à Ellis Island, entrée principale des immigrants arrivants aux États-Unis durant la première partie du XXe siècle, le prénom de l’enfant, Natale, incompréhensible pour l’inspecteur des douanes se voit traduit par Christmas.

 

 

Désormais à New-York, Cetta, pour survivre, n’a d’autre choix que de devenir prostituée en maison close.

 

 

Christmas va donc grandir dans ces logements sans fenêtres du Lower East Side dans le quartier de Manhattan, où cohabitent la violence et la pauvreté.  En 1922, moqué pour son nom, et charrié par une bande de gamins du quartier, Christmas, quatorze ans, beau gosse avec sa mèche de cheveux blonds lui tombant sur le front, loin d’être en manque d’imagination et expert dans l’art de manier les mots, s’invente alors une bande Les Diamond Dogs et recrute aussitôt son voisin Santo.

 

 

Sa route croise alors celle de Ruth Isaacson, treize ans, gamine juive, petite fille de milliardaire, violée et torturée et dont il n’hésite pas à ramasser le corps ensanglanté pour l’amener à l’hôpital au risque d’être lui-même accusé.

 

Photo ci-dessus : Ellis Island.

 

Il ne sait que son nom, Ruth, mais leurs yeux se sont croisés et Christmas ne pourra plus oublier ces yeux vert émeraude, tout comme Ruth se souviendra toujours du regard de Christmas.

 

Cette rencontre va bouleverser sa vie et lorsque Ruth devra partir pour la Californie, alors Christmas passera d’une jeunesse insouciante à une jeunesse désespérée...

 

 

Le gang des rêves est un roman de plus de 700 pages, qu’il est impossible de lâcher tant Luca Di Fulvio parvient dès les premières pages à nous attacher aux personnages. C’est une fresque sociale particulièrement riche et émouvante que l’auteur nous donne à découvrir. Son écriture juste, cinématographique et très dynamique excelle à nous emporter dans cette saga époustouflante, cette histoire d’amour impossible entre Ruth et Christmas qui ne cessera de lutter afin de sortir du ghetto.

 

 

Il raconte la déconvenue de ces émigrés venus avec des étoiles pleins les yeux dans cette cité en plein essor, le fossé quasi infranchissable entre les pauvres et les gens aisés, dont seuls quelques-uns parviennent à s’extirper ; il met en scène, de façon dure et cruelle mais hélas réelle, la condition des femmes et souligne avec force le courage dont elles ont besoin si elles veulent rester libres ; il nous transporte avec un  réalisme fabuleux dans les quartiers mal famés de New-York gouvernés par la mafia ; il relate l’émergence de la radio, du théâtre et du cinéma parlant et cela au travers de personnages extraordinairement débrouillards et rusés. Il évoque même le développement du cinéma porno par l’intermédiaire du personnage le plus noir du roman, des pages dures mais révélatrices des noirceurs de l’âme humaine. Bien évidemment, sont mis en relief la discrimination raciale envers les Noirs mais aussi les Juifs. Tous ces thèmes sont toujours évoqués avec une extrême justesse et toujours reliés de manière naturelle à  des personnages plus que crédibles.

 

 

Le gang des rêves, sublime roman de l’enfance volée est un livre quasiment magique dans lequel chaque personnage a une épaisseur et où chacun se bat pour conserver son intégrité dans une série d’aventures menée à un rythme soutenu.

 

 

Amitié, amour, quête de soi dans un univers de boue, de sang, de terreur, de pitié, tels sont les destins incroyables que nous narre Luca Di Fulvio (photo ci-contre), non sans humour mais avec surtout beaucoup d’humanité.

 

 

Me restera longtemps en mémoire ce singulier et ô combien attachant Christmas que j’ai pu rencontrer lors de ma lecture et ce, grâce à Ingrid qui n’a cessé de m’exhorter à le découvrir. Qu’elle en soit ici remerciée !

Ghislaine

 

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D
Ma première lecture de cet auteur que j'aime beaucoup, et en plus j'étais à New-York chez mon fils quand je l'ai lu ! quel bon souvenir
Répondre
D
C'est clair, c'est un bouquin qu'on n'oublie pas, d'autant plus quand il fait écho à de superbes souvenirs...
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