Jean-Christophe Rufin : Le tour du monde du roi Zibeline

Le tour du monde du roi Zibeline        par    Jean-Christophe Rufin.

 nrf, Gallimard (2017) 366 pages ; Folio (2018) 405 pages.

 

 

Replonger dans un roman de Jean-Christophe Rufin (photo ci-dessous) est toujours un immense plaisir car les talents de conteur de l’Académicien sont immenses.

 

 

Le tour du monde du roi Zibeline prouve que son auteur sait se renouveler, tant dans l’inspiration que dans la manière. Ici, c’est devant un Benjamin Franklin, très âgé, perclus de douleur, que le comte Auguste Benjowski et son épouse, Aphanasie content leur histoire.

 

 

Cela paraît d’abord irréel, fantastique, tant leur vie déborde d’événements et de coups de théâtre. Les deux héros de ce roman ont bel et bien existé et leurs aventures sont éloquentes quant à l’esprit des colonisations du XVIIIe siècle.

 

 

À tour de rôle et pendant plusieurs jours, ils prennent la parole devant l’homme qui se moque d’avoir inventé le paratonnerre, préférant rester dans l’histoire pour sa contribution à la rédaction de la déclaration d’indépendance des États-Unis.

 

 

D’origine hongroise, Auguste a été profondément marqué par un français, Bachelet, qui fut son précepteur durant trois ans avant d’être renvoyé à cause de ses idées et du goût des livres qu’il transmet à son élève. Ensuite, Auguste apprend à manier les armes puis s’engage dans l’armée. Prisonnier des Russes, il est déporté en Sibérie, dans la presqu’île du Kamtchatka.

 

 

C’est là qu’intervient Aphanasie, née de Nilov, fille du gouverneur du Kamtchatka, qui, à 17 ans, tombe amoureuse d’Auguste. Elle raconte comment elle réussit à rencontrer son homme sous prétexte de leçons de français puis de musique. Complots, menaces, dénonciations, manigances, Aphanasie sait arriver à ses fins. Quelle belle histoire d’amour que l’auteur admet avoir quelque peu enjolivée !

 

 

Les deux principaux personnages étant présentés puis ayant fait connaissance, leurs aventures débutent avec cette évasion à bord d’un bateau emportant quatre-vingt-seize personnes dont neuf femmes. Après l’île de Béring puis la côte d’Alaska où Aphanasie adopte une zibeline : « sa toison d’une douceur et d’une pureté incomparable  la protège de tout. », ils connaîtront les îles Aléoutiennes, la Chine, Macao, Canton, Madagascar…

 

 

 

Ils constatent que les religions « contribuent à entraver la liberté des hommes et à faire naître entre eux des haines inutiles. » Leur séjour en France est déterminant car il décide de leur retour à Madagascar où Auguste sera poussé à devenir le roi Zibeline…

 

 

 

 

Au travers des péripéties qui jalonnent leur vie, j’ai été choqué par cette colonisation à outrance menée par les principaux pays européens afin de se servir au maximum dans les régions du monde qu’ils se disputent.

 

 

Or, Maurice-Auguste Benjowski (1746 – 1786), aventurier et voyageur le plus célèbre du XVIIIesiècle, s’il a été diffamé en France, un boulevard porte encore son nom à Antananarivo, la capitale malgache, une île dont il avait su comprendre et respecter les habitants avant qu’en 1895, « la pacification de l’île » menée par le général Galliéni ne fasse plus de cent mille morts…

Jean-Paul

 

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