Sandrine Roudaut : Les Déliés

Les Déliés        par    Sandrine Roudaut.

La Mer Salée (2020) 377 pages.

 

Elles sont cinq jeunes femmes à se retrouver place de la République à Paris comme chaque deuxième vendredi du mois. Elles se sont repérées sur les réseaux sociaux au lendemain des attentats et sont animées par la même envie furieuse de changer le monde, "faire éclater les normes, destituer les imposteurs, s'affranchir des censures, reprendre leur place dans le monde, se mêler de la chose publique".

 

Petit à petit, avec d'autres, pour apprendre et s'apprendre les uns les autres et refaire communauté, mais aussi pour préparer le monde de demain, l'imaginer, le construire, le soutenir, elles ont créé la Plateforme, les liens-lieux et les caravanes.

 

Quel beau programme, une utopie sans doute mais qui pourrait devenir réalité !

 

J’ai découvert ce premier roman de l'essayiste Sandrine Roudaut (photo ci-dessus) grâce à Lecteurs.com (le Cercle livresque) et aux éditions La Mer Salée que je remercie.

 

L’autrice, avec Les Déliés, fait un constat noir de notre monde. Deux solutions s’offrent à nous, soit on nie cette réalité, soit on change pour y remédier. C’est ainsi que par le biais de ces femmes qui prennent leur destin en main, avec une formidable dynamique, et vont tout tenter pour changer les mentalités, l’autrice nous conduit sur des chemins où des solutions existent. Elle nous fait prendre conscience qu'il est encore envisageable, en entrant en résistance citoyenne,  en retournant à notre vie de terrien et, en laissant parler notre humanité, de bouleverser le système établi et qu'un autre monde est réalisable.

 

Sandrine Roudaut aurait pu écrire un essai, mais avec ce roman, elle permet de manière plus agréable d'aborder ce sujet si actuel. Les exemples et les solutions qu'elle met en avant sont loin d'être farfelues et sont au contraire très pertinentes. Elle nous incite fortement à trouver des moyens de transition, comme le font les personnages du roman qui, par exemple, trouvent d'autres façons de communiquer lorsqu'ils sont privés de réseaux sociaux. Ce n'est pas vers le progrès technologique que nous devons aller à tout prix, mais vers nos racines, être créatifs, inventer une nouvelle éducation, une nouvelle hygiène de vie, et ne jamais oublier notre profonde humanité : « Retourner à notre vie de terrien en laissant parler notre humanité. »

 

Ce qui est très intéressant dans l'analyse que fait l'autrice de notre société, c'est qu'elle ne culpabilise jamais les gens. Elle explique  au contraire comment nous nous contentons de croire au lieu de savoir, comment il est difficile de s'affranchir de l'autorité d'un groupe, que ce soit les collègues, les compagnons du parti politique, son milieu social les amis la famille, esquissant des pistes pour y remédier.

 

J'ai ainsi, au fil de ma lecture, aidé Éter, Soie et Soudan à mettre en place cette ZAD au cœur de Paris, voyagé, rêvé et méditer avec Mù dans le désert marocain et écouté non sans émotion comme toutes et tous dans le monde, le premier discours de l'IA ! Bref, comme vous l'aurez compris, je me suis totalement immergée dans cette aventure de reconquête de notre humanité. Malgré tout, j'ai parfois trouvé quelques longueurs, j'ai mélangé quelquefois les personnages, je n'ai pas toujours trouvé judicieux les anglicismes bien qu'ayant beaucoup apprécié cette écriture jeune et spontanée.

 

Ce roman est vraiment formidable dans le sens qu'il nous redonne l'espoir et l'envie de créer un autre avenir, de ne pas nous résigner, et qu'ensemble, nous pouvons inventer des lendemains plus souriants.

 

Poésie, humanité et sororité, trois mots pour définir Les Déliés et qui devraient nous aider à renverser ce qui nous paraît immuable, cet avenir mortifère vers lequel nous nous dirigeons et où nous sommes déjà en partie englués.

 

Lisons des romans comme celui-ci, réinventons-nous. Résistons. Agissons !

Ghislaine

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