Marie-Hélène Lafon : Histoire du Fils

Histoire du Fils       par   Marie-Hélène Lafon.

 Buchet-Chastel (2020) 170 pages.

Prix Renaudot 2020.

 

 

Le roman commence en avril 1908 et se termine en avril 2008, soit cent ans plus tard et c’est par le récit de douze journées non chronologiques que Marie-Hélène Lafon (photo ci-contre) nous conte la vie  de ce fils André, né en 1924, de père inconnu. Sa mère Gabrielle ne l’a pas élevé mais l’a confié à sa sœur Hélène et son mari Léon qui l’aimeront comme leur propre fils. Ce n’est que lorsque André épousera Juliette que Gabrielle révélera à cette dernière l’identité de ce père.

 

Cette fresque familiale ancrée au cœur du Cantal traverse deux guerres. Elle est comme autant de morceaux qui reconstitueraient la généalogie de cette famille, avec tous ses silences et ses secrets. 

 

 

Ce qui m’a marquée c’est la différence de caractère entre ces deux sœurs que sont Hélène et Gabrielle et l’opposé de ce que fut leur vie. Opposition également entre ce foyer aimant composé de Hélène et Léon et ce couple formé par Gabrielle et Paul. J’ai été frappée également par la capacité d’André, ce garçon laissé aux bons soins de sa tante par sa mère, à s’adapter à cette situation.

 

Se posera plus tard pour lui la question de savoir de qui il est vraiment le fils. L’est-il de son père biologique absent et de sa mère qui l’a en quelque sorte abandonné aux bons soins de sa frangine ou de ce père et cette mère d’adoption qui l’ont élevé dans un cocon de tendresse comme leur propre enfant ? Que dire également de ces non-dits familiaux, comment le manque pourra-t-il être comblé, combien de temps faudra-t-il pour cela ? Quelle est également la capacité de résilience de chacun ? En tout cas, beaucoup de questionnements tout au long de ce livre.

 

Difficile, en lisant Histoire du Fils, Prix Renaudot 2020, de ne pas être hanté par la scène inaugurale magnifique avec ses senteurs et ses couleurs mais dont le dénouement dramatique aura des répercussions sur plusieurs générations et permettra peut-être en partie d’expliquer certain comportement.

 

C’est un récit sur la filiation très intéressant que nous livre Marie-Hélène Lafon, avec de très belles descriptions de personnages et de paysages.

 

Néanmoins, j’ai été quelque peu gênée dans ma lecture par le fait qu’il n’y ait pas de suite temporelle.  J’aurais préféré un récit linéaire sans rupture dans la chronologie.

 

Ghislaine

 

Histoire du Fils       par    Marie-Hélène Lafon.

 Buchet-Chastel (2020) 170 pages.

Prix Renaudot 2020.

 

Un régal et une déception !

 

Lauréat du Prix Renaudot 2020, Histoire du Fils, le dernier roman de Marie-Hélène Lafon m’a parfois emballé mais plus souvent embrouillé et finalement déçu.

 

Pour réaliser une saga familiale d’une telle ampleur – elle s’étale sur un siècle, de 1908 à 2008 – il aurait fallu un énorme pavé de plus de cinq cents pages ! Or, rien de tout ça. En cent soixante-dix pages, avec son style soigné, peaufiné, travaillé sur l’établi comme Marie-Hélène Lafon aime le dire, elle tourne autour d’André, fils d’un père devenu vite invisible après son lycée à Aurillac (Cantal).

 

Fidèle à son habitude, l’autrice excelle à parler de la campagne, de la montagne, entre Aurillac et Figeac (Lot). Elle joue avec les odeurs, les parfums mais me perd vite en tant que lecteur avec une cascade de prénoms.

 

J’aurais aimé que l’internat au lycée, en 1919, soit plus développé mais l’autrice a choisi une autre option : elle fait des bonds dans le temps, débutant en 1908 pour un terrible drame familial, passant donc au lycée en 1919 puis sautant en 1950 pour revenir à 1934 et plus loin encore en 1923 puis 1935, 1960, 1962, 1945, 1984, 1974 et pour finir en 2008 devant des pierres tombales, dans le cimetière de Chanterelle (Cantal) où tout a commencé.

 

Entre frères, sœurs, neveux, petits-neveux, père, mère, cousins, cousines… Marie-Hélène Lafon (photo ci-contre) m’a encore perdu dans ses dernières pages pour montrer toute l’étendue d’une famille, des liens tissés ou distendus entre les êtres.

 

Enfin, j’aurais vraiment aimé qu’elle creuse davantage ce personnage de Paul Lachalme qu’elle abandonne trop vite, laissant planer son ombre au-dessus du roman. Avec Gabrielle, il a eu un enfant, le fameux fils, André, qui cherchera à rencontrer ce père si énigmatique qui ne sait même pas qu’il a un fils…

 

Malgré ces quelques reproches, j’ai apprécié une fois encore l’écriture de Marie-Hélène Lafon et sa façon tellement précise de décrire nature et êtres. De plus, elle gagne sur les deux tableaux car elle connaît parfaitement le monde rural dont elle est originaire, et la vie à Paris où elle réside. Histoire du Fils est donc un roman bien dans la lignée de ses précédents livres.

 

 

Avec Antoine dans les dernière pages, je ressens une infinie tristesse en constatant ce choix de l’éloignement, de l’abandon des lieux de vie familiaux pour d’autres bien lointains, abandonnant toutes racines. C’est ce que nous a apporté la fin XXe siècle et ce qui s’est accentué au début du siècle actuel.

 

Jean-Paul

 

Retrouvez les autres titres de Marie-Hélène Lafon déjà présentés sur le blog :

- Les Pays

- Joseph

- Nos vies

 

 

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