Jim Fergus : Mille femmes blanches

Mille femmes blanches (Les carnets de May Dodd)    par    Jim Fergus.

Traduit de l’anglais (USA) par Jean-Luc Piningre.

Le cherche-midi. (2013) 392 pages ; Pocket (2011) 512 pages.

 

Avec Mille femmes blanches, son premier roman, Jim Fergus a aussitôt pris rang parmi les plus grands écrivains étasuniens. Publié en 1997 aux États-Unis, One thousand White Women : The Journals of May Dodd, a connu un grand succès lorsque Le Cherche-Midi l’a édité en France en 2000, le rééditant en 2013.

 

 

Cette fiction est basée sur des documents, ces fameux carnets retrouvés longtemps après et dont l’auteur a su admirablement tirer un récit intime de May Dodd, internée à la demande de sa famille, à l’âge de 23 ans, pour troubles mentaux, et partie vivre chez les Cheyennes.

 

 

Le prologue met en scène Little Wolf, chef Cheyenne reçu à Washington par le Président Grant, en 1874. Afin d’aider sa tribu à survivre et à se rapprocher de ceux qui colonisent l’Amérique du Nord, il demande mille femmes blanches en échange de mille chevaux. Des femmes sont aussitôt volontaires sans savoir que la volonté du pouvoir est d’anéantir les tribus récalcitrantes.

 

 

Commence alors le premier carnet de May Dodd, le 23 mars 1875, dans ce voyage en train interminable vers l’ouest, au départ de Chicago. Elle constate la misère des enfants vivant dans les banlieues, « des enfants sales en haillons qui jouent dans des cours boueuses. »« la misère civilisée ». Alors qu’elle vivait avec un homme de rang inférieur et qu’elle était mère de deux enfants, sa famille l’a fait enlever en pleine nuit et enfermer dans un asile d’aliénés. C’est pourquoi le sentiment de liberté qu’elle éprouve, est plus fort que tout. Petit à petit, elle fait connaissance avec les autres femmes, Martha mise à part car elle était son infirmière et qu’elle a choisi l’aventure, elle aussi.

 

 

Lorsqu’elle assiste à un massacre de bisons, depuis la fenêtre du train, elle note : « Je ne peux m’empêcher de penser une fois de plus que l’homme est bel et bien une créature brutale et imbécile. Est-il une autre espèce sur terre qui tue pour le plaisir ? » Lorsqu’elle aperçoit des Indiens près de Fort Laramie, elle constate qu’ils sont devenus « des épaves, aussi navrants que disgracieux. »

 

 

Camp Robinson est la dernière étape pour ces quarante femmes de cette première fournée. Le 6 mai 1875, elle voit enfin les Cheyennes : « une race d’hommes robustes et minces aux visages basanés, bruns comme des châtaignes, à l’ossature nouée de muscles vigoureux. » Un seul moyen de communication : les gestes car leur langue… C’est là qu’elle fait une rencontre importante : le capitaine John Bourke.

 

 

Commence alors sa vie de squaw avec Little Wolf, son mari, qui a déjà deux épouses… Elle découvre que les tâches les plus basses sont laissées aux femmes mais va peu à peu trouver un peu d’autonomie. Avec cette lecture, je suis plongé au cœur de la vie de ce peuple au plus près de la nature, avec force détails et scènes de la vie ordinaire.

 

La cérémonie du mariage est commune pour ces femmes qui s’adaptent plus ou moins bien. Pourtant, May constate : « J’admets n’avoir jamais rencontré peuple plus généreux et altruiste. » Comme dans un rêve, elle retrouve son mari dans un tipi, enfin seule et elle est certaine d’attendre un enfant.

 

Hélas, le whiskey fait des ravages et la pression des blancs s’intensifie pour confisquer des terres pourtant laissées officiellement aux Indiens. Les chercheurs d’or arrivent dans les Black Hills et les Indiens sont incapables de s’entendre pour opposer un front uni à la violence, à la cupidité et au mensonge.

 

Codicille et épilogue permettent à Jim Fergus (photo ci-contre) de bien préciser les choses à la fin d’une histoire passionnante, émouvante, instructive, riche en aventures et en rebondissements avec, hélas, horreurs et massacres au rendez-vous.

Jean-Paul

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