Antoine Choplin : Une forêt d'arbres creux

Une forêt d’arbres creux        par        Antoine Choplin.

La fosse aux ours (2015) 115 pages ; Points (2017) 120 pages.

 

Fidèle à lui-même, Antoine Choplin (photo ci-dessous), avec Une forêt d’arbres creux, livre encore un petit bijou de littérature.

Après Le héron de Guernica, La nuit tombée et L’impasse, je suis à nouveau sous le charme de cette écriture simple, efficace, allant à l’essentiel et toujours terriblement émouvante.

 

 

L'histoire se passe à Terezin, en République Tchèque, en décembre 1941, jour de l’arrivée de Bedrich, accompagné de sa femme, Johanna, et de leur fils, Tomi, qui n’a même pas un an.

 

Les voilà enfermés dans un ghetto, un camp de concentration peut-être un peu moins sévère que d’autres, là où mourut l’immense poète Robert Desnos.

 

 

Bedrich « regarde les arbres… Il songe à leur constance, qu’ils soient d’ici ou de là-bas, du dehors ou du dedans. Il se dit : vois comme ils traversent les jours sombres avec cette élégance inaltérée, ce semblable ressort vital. Ceux bordant la route qui relie la gare au ghetto, et qui s’inclinent à peine dans la nudité ventée des espaces. Ceux des forêts au loin… » Avec quelques autres, il se retrouve dans une salle pour dessiner des plans de bâtiments et même d’un futur crématorium…

 

 

Ce travail permet d’échapper à la faim qui fait mourir tant de personnes détenues. Quand tombe la nuit, ils dessinent la vérité de Terezin, cachant ces œuvres destinées à témoigner de la réalité alors que les nazis s’ingénient à mystifier la Croix-Rouge internationale qui vient d’annoncer, plusieurs mois à l’avance, une visite du camp.

 

 

Au fil des pages, l’auteur livre des instantanés de la vie de Bedrich, les rares moments où il peut retrouver Johanna et Tomi, cette intimité à jamais perdue et les drames du quotidien, d’une banalité que les tortionnaires s’ingénient à faire accepter comme normale…

 

 

Pendant ce temps, les convois partent vers l’est. On évacue les plus faibles. Le vieux Kurt refuse d’aller se faire soigner à l’infirmerie parce qu’il sait ce qui l’attend. Les nazis font vider l’hôpital de ses malades afin d’y faire jouer le Requiem de Verdi, chanté par les Juifs. Les chefs SS de Prague et de Berlin sont là ainsi que Eichmann…

 

 

Bedrich imagine un tableau montrant ce qu’il voit : «… à leurs traits marqués, à leurs orbites profondes, à la courbure légère de leur échine… les inquiétudes, la souffrance des jours, l’envie d’une miche de pain. » Il espère malgré tout : « …on pourrait bien finir par échapper aux convois vers l’Est, et il faudrait bien qu’un de ces jours tous ces murs s’effondrent. »

 

Et nous, il nous reste à ne pas oublier, l’être humain n’ayant de cesse de répéter les mêmes atrocités, une barbarie toujours d’actualité.

Jean-Paul

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