Edgar Hilsenrath : Orgasme à Moscou

Orgasme à Moscou    par    Edgar Hilsenrath.

Attila (2013), 316 pages.

Traduit par Jörg Stickan et Sacha Zilberfarb, illustré par Henning Wagenbreth.

 

 

 

Le Nazi et le barbier est un livre hors normes, tellement inhabituel et décapant qu’il était curieux de découvrir un autre ouvrage du même auteur, livre traduit et édité en France des années après puisque Edgar Hilsenrath (photo ci-contre), décédé en décembre 2018, l’a écrit en 1979.

 

Nous sommes ici dans les années 1970, en pleine guerre froide. À 65 ans, Nino Pepperoni, américain d’origine sicilienne, patron de la mafia, prend sa retraite. Il est le plus riche de son continent mais un de ses yeux a été crevé par sa femme… « par mégarde ». Il est mince, pas comme Clara, son épouse « au postérieur gigantesque »

 

Sa fille, Anna Maria, a plus de 30 ans, se dit journaliste et s’envole pour Moscou afin d’y interviewer Brejnev (chef du PC soviétique) et Kossyguine (président du Conseil des ministres). Voilà qu’elle ne rentre qu’au bout de cinq mois… enceinte ! Qui a fait le coup ? Anna Maria reconnaît que Brejnev et Kossyguine n’y sont pour rien mais que le futur père est un juif russe, fils de rabbin, Sergueï Mandelbaum. Il lui a procuré son premier orgasme : « des frissons glacés qui vous brûlent… comme un millier de bougies allumées qui vous pénètrent… »

 

Pour Nino, la décision est vite prise : ou buter le séducteur ou lui faire épouser Anna Maria. Hélas, Sergueï est un scientifique travaillant à Novossibirsk et le KGB s’opposera à ce qu’il quitte l’Urss. Il faut donc l’extraire et l’avocat de Nino propose le passeur le plus célèbre, S.K. Lopp qui est, hélas, un dépeceur sexuel s’acharnant exclusivement sur les hommes… Il faut donc le castrer !

 

Ainsi est mise en place une histoire rocambolesque, pleine d’humour, déclenchant le rire à chaque page : «… le 10 juin, S.K. Lopp, alias P.D. Rodriguez, arriva à Moscou. Sans bourses mais avec un plan » et voilà que le chauffeur de taxi lui propose d’aller voir « Casse-noisettes de Tchaïkovski » !

 

 

Si ce roman n’est pas au niveau du premier cité avec des répétitions parfois lassantes et des péripéties trop détaillées, l’auteur est toujours en verve : « Le trafic autoroutier était un vrai problème. Cette société d’abondance produisait trop de voitures et trop de monde avait les moyens de s’en payer une… Le système était en cause, qui encourageait la surproduction et l’achat à crédit… » ou un peu plus loin : « Une voiture de sport n’est pas faite pour rouler vite, mais pour vous rajeunir. Elle confère à son conducteur, fût-il d’âge mûr, une aura d’intrépide jeune mâle nimbé de vent, de soleil et de pluie… La plupart des femmes s’y laissent prendre… »

 

De surprise en rebondissement, Edgar Hilsenrath nous fait beaucoup voyager jusqu’à un pays qui lui est cher, concluant sur l’absurdité de la vie : « Beaucoup se demandaient pourquoi ils avaient un orgasme, beaucoup d’autres pourquoi ils n’en avaient pas… Beaucoup coururent voir un psy parce qu’ils ne manquaient de rien, beaucoup d’autres en auraient eu grand besoin mais manquaient de moyens… »

 

Merci à Simon de m’avoir permis de lire ce livre.

Jean-Paul

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Thème Magazine -  Hébergé par Overblog