Camille de Peretti : Le sang des Mirabelles

Le sang des Mirabelles       par     Camille de Peretti.

Calmann-Lévy (2019), 331 pages.

 

 

Camille de Peretti, dans son magnifique livre Le sang des Mirabelles, nous plonge, dès le prologue au cœur du Moyen âge, en nous faisant découvrir deux jeunes amis Guillaume, l'aîné des Ours, et Tancrède, apprentis chevaliers chez un seigneur plutôt revêche. Malgré leurs différences de corpulence et leur différence de caractère, ces deux-là s'entendent très bien et se soutiennent mutuellement quand il y a lieu. Ils sont écuyers et seront adoubés chevaliers dans cinq ans. Voilà pour le prologue.

 

Ensuite, nous nous retrouvons dans un des plus beaux châteaux de province, celui du seigneur Ours qui n'est autre que Guillaume, 30 ans, et veuf d'une épouse qu'il avait adorée. Nous assistons à la célébration de ses noces avec Éléonore dite "la salamandre". Le père de celle-ci, le Lion a également confié Adelaïde, la cadette aux bons soins du seigneur Ours, qui s'est engagé à lui trouver un bon parti, quand elle sera en âge de se marier. Le père Lion, quant à lui va rejoindre le roi Neuf parti en croisade, en terre Sainte. À partir de là, c'est le destin de ces deux jeunes filles, La salamandre et L'abeille, surnom d'Adelaïde que l'auteure va nous conter dans ce qu'on pourrait qualifier de chanson de geste.

 

Chaque personnage va se voir attribuer un nom d'animal très pertinent, qui le qualifie au mieux. Ainsi, le ménestrel s'appellera Rossignol, l'acariâtre belle-sœur Cathaud, l'Araignée  et son fils aîné le Loup, le vieil apothicaire juif, le vieux Hibou, pour n'en citer que quelques-uns.

 

Camille de Peretti (photo ci-dessous) décrit à merveille cette vie médiévale, et nous fait revivre notamment, la préparation du banquet de noces avec Jacques le maître queux et toute sa brigade, de manière si authentique que j'ai eu l'impression d'être présente à la scène et de humer les bonnes odeurs, tout en étant gênée par certaines, plutôt aigres. Elle croque également de manière savoureuse les portraits de tous ces acteurs.

 

Mais, ce qui fait toute la force de ce roman, c'est la façon dont cette écrivaine nous conte la vie de ces deux sœurs, fortement liées, farouchement indépendantes et en quête d'émancipation, à une époque où les femmes étaient vouées au silence, à l'obéissance et où, tout ou presque leur était interdit. Elles n'hésiteront pas, chacune à leur façon à affirmer leur individualité, non sans y laisser beaucoup d'elles-mêmes.

 

La religion, énormément présente à cette époque, pèse de tout son poids tout au long du récit

 

Le sang des Mirabelles est une véritable épopée où la guerre, l'amour, la religion, la condition des femmes et des domestiques s'entremêlent pour notre plus grand plaisir. Ce livre nous emmène dans un fabuleux voyage dans le passé.

 

Le langage imagé de l'époque, parfois réinventé par l'auteure avec par exemple, des mots ou expressions comme "ce sotard", "ce coquefredouille de maître queux", "cette soussouille" ou, "ne lantiponnons pas" (ne perdons pas de temps) est savoureux au possible et offre au lecteur le plaisir de rentrer de plain-pied et de manière très réaliste dans ce fameux Moyen-âge !

 

J'ai été enchantée par cette lecture et me suis laissée porter par cette belle et riche écriture qui a su me faire remonter si brillamment dans le temps. J'ose espérer une suite, la fin le laissant espérer...

 

À noter la couverture, très représentative et en harmonie avec le texte.

Ghislaine

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Thème Magazine -  Hébergé par Overblog