Sophie Pointurier : Femme portant un fusil

Femme portant un fusil   par  Sophie Pointurier.

 Harper Collins/Traversée (2023) 261 pages.

Rentrée littéraire 2023.

 

 

 

 

Femme portant un fusil de Sophie Pointurier (photo ci-dessous) raconte l’histoire de Claude, une femme de quarante-quatre ans qui traverse depuis quelque temps une période de crise. Elle est en train de sombrer dans une routine pénible, un engourdissement brutal de ses facultés, se laisse aller à vivoter avec son fils Lenny, 16 ans, et à continuer à donner des cours à des apprenties assistantes sociales sans plus aucune conviction.

 

 

Par hasard, elle tombe sur une annonce d’un hameau à vendre dans le Tarn, loin de tout. Ce petit amas de maisons vient faire écho au mouvement béguinal qu’elle avait découvert quelque temps auparavant dans un roman d’Aline Kiner, La nuit des béguines.

 

Elle avait été attirée par ce statut que ces femmes avaient créé par et pour elles-mêmes et qui leur avait permis de contourner l’obéissance pendant des siècles.

 

 

 

Depuis qu’elle a posé ses yeux sur cette annonce, elle s’accroche à cet endroit comme à une bouée et voilà qu’à la boulangerie, elle tombe par hasard sur Élie, cette documentaliste à la retraite. Elles sont témoins d’un drame lié à la vieillesse et à la solitude. Elles se revoient et Élie lui révèle qu’elle a vécu un temps dans une communauté de l’Oregon, l'Oregon Women's Land Trust, les photos qu’elles lui présentent font rêver Claude.

 

 

Un projet naît alors avec Harriet et Anna rencontrées ensuite, le rêve d’un lieu construit par et pour les femmes. Si au départ, elles étaient quatre à acquérir le hameau et porter le projet d’autres les rejoindront, des jeunes, des moins jeunes, des plus âgées, et, puisant dans les expériences d’autres avant, elles vont donner une nouvelle dimension à leur existence.

 

 

 

Mais voilà, un homme est mort et Claude est face à deux gendarmes et doit répondre du meurtre de celui-ci. Ils lui demandent de raconter tout depuis le début...

 

Femme portant un fusil est une formidable ode à l’amitié et à la liberté. Sophie Pointurier, en alternant, chapitres courts dans lesquels Claude est entre les mains des gendarmes, puis à l’hôpital  sous contrôle policier avec le récit de la fantastique quête de ces femmes pour se réinventer, croyant jusqu’au bout en leur utopie et n’hésitant pas sur leurs décisions lorsqu’une des leurs est en danger.

 

 

Sophie Pointurier montre dans ce roman contemporain, que le mépris et l’hostilité à l’égard des femmes est toujours d’actualité. Elle fait d’ailleurs dire à son héroïne « c’est un miracle que cette deuxième moitié du monde ne se soit toujours pas réveillée en rage, consciente de sa blessure collective ». Celle-ci pense également que la justice n’a jamais été de leur côté, ou alors rarement, par accident.

 

 

Dans Femme portant un fusil, l’autrice, en mettant en scène deux femmes victimes de violences conjugales, ce fléau indigne de l’humanité, montre combien il est difficile pour elles de s’échapper de leur enfer et si certaines en viennent à être violentes pour mettre fin à ces sévices que l’on pourrait croire d’un autre temps, elles sont jugées comme de vulgaires assassins.

 

 

On ne peut que penser comme Claude, qui, lorsque le gendarme lui demande la provenance des armes, aurait aimé lui dire, mais n’a pas trouvé le courage : « Et vous, quelle guerre légitimez-vous ? Quelle violence, trouvez-vous juste ? »

 

 

Très beau roman sur la vie inspirante de ces femmes qui ont tenté l’utopie, sur le questionnement de la condition féminine, sur la violence faite aux femmes, sur la violence dont elles sont elles-mêmes capables, sur la misogynie, mais aussi sur le rôle des réseaux sociaux, sur l’éducation des enfants et l’homophobie… sans oublier une bonne dose de suspens.

 

 

 

De nombreux thèmes sont ainsi évoqués dans ce roman inspiré de faits réels, qui m’a emmenée de l’arrière-pays toulousain jusqu’aux terres des amazones de l’Oregon dans un tourbillon d’idées de liberté et de quête de bonheur simple, un récit qui est une véritable ode à l’amitié et à la liberté, comme je l’avais dit en préambule.

 

 

Je remercie les éditions Harper Collins et Babelio pour cette belle découverte.

Ghislaine

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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