Fermín Solis : Buñuel dans le labyrinthe des tortues

Buñuel dans le labyrinthe des tortues    BD    par   Fermín Solís.

Traduit de l’espagnol par Thomas Delooz et Alexandra Carrasco-Rahal.

Titre original : Buñuel en el laberinto de la tortugas.

Rackham (2011).

 

 

 

Trois parties composent ce remarquable roman

graphique.

 

La première est intitulée : Ne pas déranger, artiste en plein rêve, dans laquelle Luis (Buñuel) est tiré d'un rêve par le garçon d'hôtel venant le prévenir d'un appel téléphonique, son correspondant étant son ami Ramón (Acín). La scène se passe à l'hôtel Ronceray à Paris, fin décembre 1932.

 

La deuxième se nomme Paris ne nous aime plus et montre nos deux personnages déambulant dans la nuit parisienne en évoquant la première de "L'âge d'or", le surréalisme ou l'échec du coup d'état du général Sanjurjo dans sa tentative de renverser la jeune République espagnole.

 

 

La dernière, la plus importante : À dix heures de Paris, se situe à Las Hurdes dans l'Estrémadure et nous fait le récit du tournage de Terre sans pain dont Ramon sera le producteur grâce à un gros gain à la loterie.

 

Fermín Solís dessine et décrit de façon remarquable les déplacements de Buñuel et de ses compagnons dans cette région aride et pauvre de Las Hurdes, leurs rencontres avec Les hurdanos, ces paysans isolés, oubliés, vivant dans une misère totale.

 

En partie imaginaire, mais tout en se basant sur le film documentaire réalisé par Buñuel en 1932, Terre sans pain, l'auteur livre dans cette bande dessinée un portrait haut en couleurs du réalisateur espagnol, n'hésitant pas à le faire apparaître un jour, déguisé en nonne ou porteur d'un revolver pour tuer ânes ou chèvres. Pendant le tournage, Buñuel cherche à  dramatiser certaines scènes pour accentuer la terrible misère de ces gens qui vivent dans le dénuement le plus total et dénoncer cet état de fait.

 

Avec le roman graphique Buñuel dans le labyrinthe des tortues, Fermín Solís (photo ci-dessous) brosse un portrait extrêmement riche et vivant du réalisateur engagé qui, à cette période, s'éloigne un peu du surréalisme.

 

Cette lecture m'a permis  d'en savoir davantage sur la personnalité de Luis Buñuel et en particulier sur l'un des films de sa vaste filmographie.

 

Les dessins en noir et blanc représentent le plus souvent les personnages en mouvement et ceci apporte beaucoup de vie au récit. Le trait est alerte et donne un rendu très réaliste.

 

En fin d'ouvrage, l'auteur nous offre un portrait des quatre personnages présents sur le tournage et nous dit en quelques mots ce qu'il est advenu de ces jeunes gens à la fin du film.

 

 

Des bonus nous sont également offerts dans lesquels j'ai notamment apprécié l'étude du personnage de Buñuel, la ressemblance étant particulièrement réussie.

 

 

Je remercie Eurozoom et les éditions Rackham qui m'ont permis cette belle découverte !

 

Ghislaine

 

 

 

 

 

Buñuel dans le labyrinthe des tortues      BD   par  Fermín Jolís.

Rackham (2011).

 

 

Étonnant roman graphique édité chez Rackman en 2011 et que je ne découvre qu’aujourd’hui, Buñuel dans le labyrinthe des tortues est un magnifique album en noir et blanc racontant le tournage d’un documentaire à Aceitunilla, village lointain de Las Hurdes, en Extremadura, par cet immense réalisateur espagnol : Luis Buñuel (1900 – 1989).

 

Fermín Solís (photo ci-dessous) me désoriente un peu au début en situant l’action dans le Paris nocturne, en décembre 1932. Luis Buñuel (photo ci-contre) est en plein rêve virant au cauchemar car il a horreur des poules. Ramón Acín l’appelle depuis Huesca où il a gagné le gros lot ! Il peut financer un film…

 

 

Le voilà donc trois mois plus tôt, toujours à Paris, avec ce même Ramón, dans les bars. Ils débattent du surréalisme et boivent beaucoup.

 

Les dessins qui paraissent simplistes sont, en fait, très expressifs, rendant bien compte des tourments qui agitent l’artiste. Alors qu’ils sont ivres tous les deux, Ramón lui promet de financer son prochain film s’il gagne au loto ! C’est donc fait.

 

Ils se retrouvent l’année suivante en Extremadura, dans une vallée perdue où la misère est terrible, la faim omniprésente et la consanguinité évidente. Les relations avec les villageois ne sont pas simples car Buñuel veut mettre en scène le drame de la misère. Il filme les habitants, los Hordanos, et quelques cigarettes permettent d’entrer dans leurs masures dont les toits font penser à des carapaces de tortues.

 

 

 

Elí Lotar, Pierre Unik et, bien sûr, Ramón Acín sont ses fidèles compagnons et assistants. S’ils ne sont pas d’accord pour tourner telle scène, c’est Luis qui impose sa volonté et réaliser Terre sans pain (Las Hurdes ou Tierra sin pan), un moyen-métrage dénonçant la misère extrême de ce coin reculé d’Espagne, peu de temps avant le début de la guerre civile. Le film, troisième de Buñuel après Un chien andalou et L’âge d’or, sortira en 1933 et sera suivi par une série impressionnante de longs métrages comme Le journal d’une femme de chambre, Belle de jour, Le charme discret de la bourgeoisie ou encore Cet obscur objet du désir, son dernier, sorti en 1977.

 

 

 

Si les dessins sont étonnants d’expressivité, j’ai beaucoup apprécié la qualité des textes traduits par Thomas Delooz et Alexandra Carrasco-Rahal. Ils sont très explicites et rendent bien compte de la mentalité de ce géant du cinéma que cette bande dessinée espagnole, véritable roman graphique, m’a permis de redécouvrir et de mieux connaître.

Jean-Paul 

 

 

 

 

 

 

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