Daniel Soil : L'Avenue, la Kasbah

L’Avenue, la Kasbah      par    Daniel Soil

M.E.O. (2019) 154 pages.

 

Après tant d’enthousiasme, de douleurs, de morts, de blessés, de coups reçus mais aussi de débats, d’idées toutes plus formidables les unes que les autres pour une démocratie la plus directe possible, il reste beaucoup de questions, d’interrogations mais aussi d’espoirs déçus, en Tunisie. Les récentes élections législatives  à la participation bien faible ne manquent pas d’inquiéter.

 

 

Voilà pourquoi le livre de Daniel Soil que j’ai pu lire et apprécier grâce à Masse Critique de Babelio et aux éditions M.E.O. que je remercie, est très instructif car il permet de revivre ces semaines décisives pour la démocratie en Tunisie, lançant ce qui a été dénommé, le Printemps arabe après que Mohamed Bouazizi se soit immolé par le feu à Sidi Bouzid.

 

 

L’auteur a été diplomate pour Wallonie-Bruxelles durant sept ans en Tunisie et était présent dans le pays pendant la période dont il parle. La préface de Gilbert Naccache, écrivain tunisien qui subit la prison à cause de ses activités politiques, confirme toute la qualité du travail de l’auteur.

 

 

Daniel Soil (photo ci-dessous) connaît donc bien le pays et l’a parcouru aussi, loin des grandes villes et des centres touristiques. Son roman qui mêle habilement histoire d’amour et bouleversement politique, m’a emmené du nord au sud du pays, permettant de bien faire sentir le mouvement de fond qui a permis de renverser une dictature ayant tout mis en place pour verrouiller la Tunisie.

 

 

En 1975, le cinéaste Jean-Jacques Andrien a tourné Le fils d’Amr est mort ! dans la cité troglodytique de Guermassa. Trente-cinq ans plus tard, en 2010, Élie observe les photos du tournage et propose de suivre le réalisateur qui veut retourner là-bas. Mieux, il veut partir d’abord, préparer le terrain et trouver un assistant-traducteur.

 

 

Arrivant tout juste de Belgique, il se rend à un débat traitant de l’avenir de la Tunisie et, le hasard faisant bien les choses, il est assis à côté d’un jeune Tunisienne : Alyssa. Ils se plaisent, réussissent à échanger même si Alyssa se méfie beaucoup de son entourage et des traditions qu’elle craint de bouleverser. C’est par Facebook qu’ils communiquent et leurs échanges alternent avec le récit. Amitié, connivence, amour, la romance semble parfaite mais Élie est passionné par son travail et ne veut rien manquer de cette période qui révolutionne le pays. Il filme, collecte les impressions des gens qu’il côtoie sur la Kasbah où se concentre la contestation durant le fameux sit-in de quatre semaines qui poussa celui que l’auteur nomme le Sinistre à fuir son pays. Cet homme vient de décéder en septembre dernier, en Arabie Saoudite. Quant à l’Avenue, premier élément du titre, c’est la grande artère qui va de la mer à la médina en traversant Tunis.

 

 

C’est lors de leur trajet vers le sud et Guermassa qu’Alyssa et Élie nouent leur relation autour de Didon et Énée, l’opéra de Purcell, qui sert de lien tout au long du roman avec des paroles collant à ce qu’ils vivent.

 

 

Ainsi va la vie de ces deux amants qui rêvent une vie idyllique pendant que le pays élabore les solutions les plus hardies pour une réelle démocratie mais ces deux destins suivent la même spirale qui me déçoit beaucoup, m’attriste pour ces jeunes amants et m’inquiète pour ce grand pays lié historiquement au nôtre.

Jean-Paul

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Thème Magazine -  Hébergé par Overblog