Morgan Audic : Personne ne meurt à Longyearbyen

Personne ne meurt à Longyearbyen    par  Morgan Audic.

Albin Michel (2023) 374 pages.

 

Rentrée littéraire 2023.

 

 

Pour un dépaysement, ce thriller est un vrai dépaysement dans lequel Morgan Audic nous entraîne dans le sillage de deux victimes.

 

Le corps dans un sale état de la première, vraisemblablement déchiquetée par un ours, a été retrouvé sur l’archipel du Svalbard, près de Longyearbyen, dernière ville avant le pôle Nord, autant dire que le climat n’y est pas vraiment tropical.

 

Une partie du job de Lottie Sandvik, enquêtrice des services de police du gouverneur du Svarland consiste à faire en sorte que la cohabitation avec les ours se passe le mieux possible en gardant à l’esprit que le pire peut toujours arriver comme cela semble venir de se produire. C’est elle qui est donc chargée de mener l’enquête pour la mort d’Agneta Sorensen, vingt-six ans, originaire de Tromsø, étudiante à l’UNIS, l’université du Svalbard (photo ci-dessous) où elle préparait un doctorat en biologie arctique.

 

Son dernier message sur Insta : « On n’imagine pas toute la cruauté qu’il peut y avoir chez l’homme. »

 

 

Le deuxième cadavre découvert, celui d’une ex-journaliste, a été trouvé, à des milliers de kilomètres de là, sur une plage isolée des îles Lofoten (photo ci-dessous), en Norvège continentale. Après autopsie, la thèse du suicide a été retenue.

 

 

Pour Nils Madsen, cette nouvelle est inconcevable car, après avoir été reporter de guerre aux côtés de Nils, couvert les conflits les plus durs sur tous les continents, Åsa avait décroché et trouvé son salut huit ans plus tôt dans les Lofoten après avoir plongé avec les orques.  Elle était depuis, à la tête d’une agence d’excursions en mer, à Svolvaer, la capitale.

 

À priori, rien ne lie ces victimes, si ce n’est qu’elles s’intéressent de près aux mammifères marins...

 

 

Il se trouve que nos deux enquêteurs sont aussi motivés et entêtés l’un que l’autre, la flic n’est pas du tout convaincue par cette attaque d’ours, et le reporter de guerre ne peut envisager que son ex-collègue se soit suicidée. 

 

Photo ci-dessus : Svolvaer (Norvège).

 

Il va leur falloir effectivement beaucoup de pugnacité s’ils veulent élucider ces deux fins tragiques les conflits politiques étant prêts à rejaillir. Ils vont se retrouver vite confrontés à cette triste réalité que la nature est une marchandise et ses défenseurs des cibles de choix.

 

 

J’ai été happée dès le début, d’une part par la découverte de ces territoires du grand Nord où le soleil ne se lève pas pendant des semaines, que l’on connaît si peu, et par leur mode de vie. Vendu sur le papier comme un petit paradis glacé, mais où la réalité est autre…

 

 

On aimerait se prendre à rêver devant ces paysages magnifiques et cette faune de toute beauté, qu’il s’agisse des oiseaux, des ours ou des baleines, orques, cachalots ou bélugas mais une menace plane…

 

Personne ne meurt à Longyearbyen (photo ci-dessous) est un thriller glaçant, non seulement par les températures sous lesquelles il se déroule mais surtout par la cruauté et la cupidité dont se révèlent capables les hommes lorsqu’il s’agit d’assouvir leur désir de s’enrichir ou d’asseoir leur pouvoir.

 

 

Sous couvert de préservation de coutumes ancestrales, combien d’animaux en ont et en font toujours les frais ?

 

Glaçant, et pourtant le réchauffement climatique est là, déjà bien installé. Pour preuve, ces ours qui s’approchent de plus en plus des endroits occupés par les humains pour y trouver de quoi se nourrir,  la banquise reculant chaque année et la chasse aux phoques se complexifiant donc pour ces plantigrades.

 

 

Morgan Audic (photo ci-dessous), en nous plongeant dans ces confins sauvages de l’Arctique nous ouvre un univers fascinant quasi irréel qu’on aimerait tant voir préservé !

 

 

Outre l’intrigue menée de main de maître avec une résolution tout à fait inattendue, l’auteur a su distiller tout au long du récit quantité de faits fort instructifs et intéressants. C’est ainsi que j’ai pris connaissance du fait que depuis les années 1930, la Norvège avait laissé s’installer une enclave russe sur son territoire, sur l’archipel du Svalbard, et que le village russe de Barenstburg (photo ci-dessous) organisé autour d’une mine de charbon résistait encore et toujours à l’occident !

 

 

Si j’étais au courant de l’existence de cette Réserve mondiale de semences (photo ci-dessous), cette chambre forte souterraine creusée près de la petite ville de Longyearbyen, j’ignorais qu’en mai 2017, celle-ci avait  été inondée à cause du réchauffement climatique, le pergélisol, la couche de terre qui ne dégelait jamais ayant fondu…

 

 

Bien d’autres éléments encore interfèrent dans le roman, rehaussant toute la crédibilité de cette lutte acharnée que doivent mener les écologistes.

 

Personne ne meurt à Longyearbyen de Morgan Audic  a été pour moi un immense coup de cœur et je remercie pour cette lecture passionnante Babelio et les éditions Albin Michel.

 

Ghislaine

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