Carole Fives : Le jour et l'heure

Le jour et l’heure    par   Carole Fives.

JC Lattès (2023) 139 pages.

 

 

 

 

Gravement malade, Édith ne veut pas vivre l’agonie qui va avec ni la faire vivre à ses proches. Elle a choisi la mort volontaire assistée. Cette femme forte et éprise de liberté a voulu être libre jusqu’au bout. Elle a convaincu son mari et ses quatre enfants devenus adultes de l’accompagner à Bâle, en Suisse vers sa dernière destination. Elle a choisi la date et l’heure.

 

 

Les voilà donc, Édith et son mari Simon, partis de Saint Just,  leurs trois filles Audrey, Jeanne, Anna et leur fils Simon récupérés à la Part-Dieu, filant dans la Peugeot à sept places vers le territoire helvétique, comme à la belle époque, « ne manquaient que les scoubidous et les cartes Panini. »

 

 

Ce voyage à six leur rappelle leurs nombreux périples en camionnette lorsqu’ils étaient enfants et, à se rendre ensemble dans une ville inconnue, a comme un petit goût d’aventure. La radio fait diversion et fait oublier un temps, que si l’on part à six, au retour, on ne sera plus que cinq.

 

 

Avec ce roman choral, Carole Fives nous donne à entendre le voyage intérieur de chacun des personnages, tous ont fait médecine sauf la benjamine Jeanne qui a fait les Beaux-arts, et la façon dont ils traversent cette épreuve.

 

 

Impossible de ne pas être touché et ému devant cette famille soudée qui n’hésite pas, quoiqu’il en coûte à chacun ou chacune, à accompagner cet être cher pour un dernier week-end pour lui offrir d’ultimes moments de joie.

 

 

Sans pathos, même si le dernier câlin de Léon, le petit-fils, se révèle un moment très court mais si intense, par chapitres alternés, chacun revient sur sa situation familiale, sur son vécu professionnel, et son ressenti face au choix fait par leur épouse et mère de cette fin choisie et à la perte irréductible de celle qu’ils aiment. Personne n’est prêt à perdre un parent…

 

Avec ce roman, Carole Fives (photo ci-contre) aborde avec délicatesse et sobriété notre rapport à la mort et le droit à mourir dans la dignité, sujet de la plus haute actualité en France, actuellement, et appelle à la reconnaissance d’un non-acharnement thérapeutique et au respect de la liberté individuelle pour pouvoir choisir sa fin de vie.

 

Elle évoque également, par la voix de Simon, la place de la mort dans notre société et la distance que l’on met avec celle-ci en oubliant que «  La mort entre dans la normalité du vivant au même titre que la vie. La mort, c’est la vie. Il faut l’accepter pour mieux vivre. »

 

Photo ci-dessus : Bâle (Suisse).

 

Ce tableau d’un clan confronté à l’indicible peint avec une grande délicatesse n’omet pas, toujours par le souvenir de leur vie professionnelle,  de se pencher sur d’autres maux qui affectent notre société et qui mériteraient une plus grande écoute, comme les violences conjugales, la prise en charge médicale des plus démunis ou des migrants, l’avortement interdit dans tous les pays africains générateur entre-autres d’enfants handicapés et le business de trafics humains avec les mères-porteuses…

 

 

Sous un ton qui pourrait paraître léger, Carole Fives nous livre avec Le jour et l’heure un récit plein d’humanité, un récit plein de vie, une belle leçon de liberté.

Ghislaine

 

 

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M
Je n'ai lu que deux romans de cette autrice et chaque fois elle a su me toucher alors j'imagine sans problème à quel point ce sujet tellement douloureux doit être traité sous sa plume. Je ne le lirai pas tout de suite, pas envie car trop de disparitions douloureuses autour de moi en ce moment, mais je vais le noter. Merci pour ta chronique
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