Jim Fergus : La vengeance des mères

La vengeance des mères     par    Jim Fergus.

(Les journaux de Margaret Kelly et de Molly McGill).

Traduit de l’anglais (USA) par Jean-Luc PiningreLe cherche-midi. (2016) 389 pages ; Pocket (2017) 512 pages.

 

 

Avec ce deuxième tome de la trilogie entamée avec Mille femmes blanches, Jim Fergus poursuit sa plongée dans le mode de vie des Indiens Cheyennes en donnant la parole, cette fois, à deux autres femmes qui racontent ce qu’elles ont vécu en 1876 dans leur journal. May Dodd ayant disparu tragiquement, c’est Margaret Kelly (Meggie) et Molly McGill qui détaillent leur vie, La vengeance des mères, au travers de la plume si talentueuse de Jim Fergus.

 

 

L’histoire reprend dans le bureau de J.W. Dodd III, rédacteur en chef d’un magazine, à Chicago (Illinois), le 14 mai 2015. Le père de J.W. avait fait publier Mille femmes blanches pour son arrière-grand-mère et pour montrer que « le ministère de la guerre des États-Unis … se proposait d’exterminer la population native afin de libérer les Grandes Plaines au profit de l’envahisseur blanc. La colonisation de l’Amérique est jonchée de tristes épisodes de cette sorte. »

 

 

Une femme indienne apporte alors deux sacoches contenant des registres que J.W. Dodd va lire et que je découvre en même temps : les journaux des deux femmes citées plus haut. C’est ainsi que l’histoire reprend et se poursuit dans le camp de Crazy Horse, le 9 mars 1876, où elles ne sont plus que quelques survivantes.

 

 

Meggie reconnaît que « Crazy Horse est un drôle de pistolet ». Avec sa gouaille d’Irlandaise au langage fleuri, elle raconte, donne la parole à Susie, sa sœur qui déclare, furieuse : « Mais c’est à cause de leurs couilles que les hommes sèment toutes les guerres, la mort et la ruine partout dans le monde. » Elles font connaissance avec des nouvelles venues kidnappées dans un train par les Lakotas. Parmi elles, Molly s’affirme au cours d’un pow-pow avec Gertie (Jimmy le muletier).

 

C’est donc le journal de Molly qui prend le relais et raconte qu’elle a été volontaire pour venir vivre chez les Indiens afin d’échapper à la prison : « Car en prison, comme ici, être retenue prisonnière est d’un ennui mortel. Nous avons toute la journée pour ne rien faire. »

 

 

Au fil de la lecture, j'apprends la dure vie de ces femmes mêlées au quotidien des Indiens qui constatent que les Blancs tuent les bisons pour les affamer : « Les Blancs, c’est comme une invasion de sauterelles, ils vont infester le pays en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. »

 

 

Les événements se succèdent et j’ai été pris, absorbé par ce récit aux deux points de vue qui donne la parole à beaucoup de protagonistes. Les événements se succèdent, la tension est terrible car, d’un campement à l’autre, il faut se préparer à livrer bataille contre une armée beaucoup plus nombreuse, très bien équipée et décidée à faire place nette, ne ménageant ni femmes, ni enfants, ni vieillards.

 

C’est le passé de ce continent américain qui nous a tellement souvent été présenté du point de vue de l’homme blanc, débarqué depuis l’Europe, arrogant et sans scrupule, soucieux d’abord de son bénéfice immédiat. Hélas, l’armée US recrute ses éclaireurs parmi les Indiens, certaines tribus n’hésitant pas à se battre contre leurs frères pour tenter de venger des humiliations passées.

 

 

Le sort des descendants de ces natifs est bien décrit par Jim Fergus (photo ci-dessus) qui m'emmène enfin, aujourd’hui, dans une réserve, mot atroce, sur les pas de J.W. Dodd : « La consommation de méthamphétamine est en hausse dans la réserve et les gens boivent comme des trous. » De plus, tout ce que l’homme inflige à la nature et la planète ressort dans ce roman dont la suite ne devrait pas décevoir.

Jean-Paul

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