Martin Winckler : Abraham et fils

Abraham et fils       par     Martin Winckler.

P.O.L. (2016). 575 pages ; Folio (2017) 544 pages.

 

 

Une maison ancienne dans un bourg du centre de la Beauce sert non seulement de cadre à ce roman de Martin Winckler * (photo ci-dessous) mais elle est un véritable personnage qui prend la parole de temps à autre et fait le lien entre les divers protagonistes de cette histoire dans laquelle l’auteur a mis beaucoup de lui-même.

 

 

Pour revivre ou découvrir l’ambiance d’une petite ville de province au début des années 1960, ce roman est idéal. On constate par exemple que les immenses plaies ouvertes par l’occupation nazie sont loin d’être refermées.

 

 

Tout commence avec l’arrivée d’une Dauphine jaune dans le centre de Tilliers, « ma petite ville au milieu des blés ». Abraham Farkas en descend et laisse un moment son fils, Franz, dans l’auto où il dévore Tintin ou Mickey… Ainsi, le roman sera épicé de références concernant les lectures de ce garçon, lectures qui lui seront fort utiles, comme on pourra le constater.

 

Son père est médecin et vient prendre la succession du Docteur Fresnay. L’histoire d’Abraham Farkas se dévoile peu à peu éclairant ce que ressent Franz après cet accident qui l’a plongé dans le coma et qui lui a fait oublier beaucoup de choses dont le souvenir de sa mère. À ce sujet, son père reste muet.

 

Il parle de son cabinet d’Alger, d’une tentative avortée aux États-Unis, à Rochester. Son apparence physique est trompeuse : « le nouveau médecin de Tilliers faisait volontiers penser à un gangster… Pendant quinze secondes... » Très vite, il gagne la confiance des habitants puis arrive Claire Délisse : « Un nom de gâteau au citron. Ou de sablé sucré. »

 

 

Franz va à l’école et doit subir les brimades d’un certain Gérald mais : « J’étais à l’école, je ne pouvais pas m’ennuyer. » Il découvre aussi la bibliothèque et devient un habitué de la librairie où on le laisse lire presque à sa guise. Il pense à la mort : « Je sais que tout le monde meurt. J’ai juste un peu de mal à penser que moi je vais mourir… J’imagine que la mort c’est l’ennui pour toujours. »

 

 

De courts chapitres se succèdent dans cette maison que Franz découvre peu à peu et qui lui livre ses mystères. Il est maintenant au CM2, s’intéresse de plus en plus à l’histoire récente, une histoire qui peut lui apporter les réponses qu’il recherche.

 

Abraham s’est fait quelques amis et, dans leur petit groupe, « Les Compagnons de la vérité », on parle de ces deux familles juives cachées dans la maison habitée maintenant par Franz. Ces gens ont été dénoncés, arrêtés et déportés. Qui a commis l’irréparable ?

 

 

La suite livre peu à peu ses secrets. La perspicacité de Franz bien aidé par ses lectures permet de connaître l’histoire de Marie et Marcel, deux amoureux en pleine tourmente (1941 – 1942) dont le titre, trouvé par Franz, résume tout : « Un amour résistant ».

 

 

L’auteur a écrit une suite : Les Histoires de Franz, un livre qu'il faut que je lise...

Jean-Paul

* Du même auteur, voir Le chœur des femmes.

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