Patrick Rambaud : Quand Dieu apprenait le dessin

Quand Dieu apprenait le dessin    par    Patrick Rambaud.

Grasset (2018), 272 pages ; Le Livre de Poche (2021) 240 pages.

 

 

De magnifiques descriptions. On visite Mayence, les îles qui ont constitué Venise, Alexandrie et l’action est bien soutenue du début à la fin avec le tribun Rustico et son complice, Thodoald. L’auteur, Patrick Rambaud (photo ci-contre) a reconnu que le second était le fruit de son imagination mais le premier a bel et bien existé tout comme les principaux personnages historiques évoqués.

 

 

Pour bien planter le décor, l’auteur a emprunté son titre : Quand Dieu apprenait le dessin au Decameron de  Boccace mais ce titre, à part son rapport à la religion, ne laisse pas transparaître tout ce qui m’a ravi en cours de lecture. Ce n’est pas fréquent d’emmener ses lecteurs au début du IXe siècle avec un réalisme aussi saisissant.

 

 

Tout au long du livre, on assiste au commerce de l’époque, commerce que les Vénitiens pratiquaient avec grand talent. Direction Alexandrie, les bateaux sont chargés d’esclaves récupérés dans le nord et l’est de l’Europe, ainsi que des armes. On échangera cela avec des porcelaines chinoises, du poivre de Malabar, de la cannelle fauve de Tourane, des clous de girofle et du papier ! "Un lot de feuilles de papier, une matière nouvelle et pratique qui peut avantageusement remplacer les parchemins hors de prix et faciliter la tâche des copistes."

 

 

 

Au fait, il faut quand même dire que le vrai but de l’expédition des trois bateaux de Rustico et Marino Bon, était de récupérer les reliques de saint Marc afin de les rapporter à Venise pour contrebalancer l’influence de Rome.

 

 

De retour d’Alexandrie, Marino Bon confie le fond de sa pensée à propos des religions, un texte à méditer aujourd’hui :

 

« Les croyances, toutes les espèces de croyances génèrent le désordre. Si tu crois, tu veux persuader ceux qui ne croient pas aux mêmes choses que toi, tu t’imposes, tu légifères, tu ordonnes. Tous nos malheurs viennent de ces conflits lamentables et diaboliques… Les religions sont les manufactures où se fabriquent des monstres. Elles provoquent acharnement, délation, haine, meurtre, mépris, interdictions, rigidité, extermination, hécatombes, perversité, illusion, enfantillages… Quelle confusion ! »

 

 

Ce livre de Patrick Rambaud, riche d’informations et de moments savoureux éclaire notre monde d’aujourd’hui et sa lecture est très agréable.

Jean-Paul

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