Paul Saint Bris : L'allègement des vernis

L’allègement des vernis   par  Paul Saint Bris.

 Philippe Rey (2023) 349 pages.

Prix Orange du livre 2023.

 

 

Avec un premier roman fort remarqué, L’allègement des vernis, Paul Saint Bris nous plonge dans le milieu de la peinture et de ses restaurateurs.

 

Aurélien, un intellectuel nostalgique est directeur du département des Peintures du Louvre. Le musée est pour lui un refuge sacré, un temple de la contemplation qui lui a permis de se mettre à l’abri d’un monde changeant.

 

Or, voilà que même ici, le changement s’est immiscé. La nouvelle présidente, Daphné, à l’aide d’implacables arguments marketing formulés par des cabinets conseils propose rien moins qu’une restauration de La Joconde « le cœur du musée. Son ultime joyau. Sa raison d’être. » Grâce à l’allègement de ses vernis, en redonnant ses vraies couleurs à La Joconde, la peinture pourrait retrouver son éclat originel et créer un événement planétaire !

 

Aurélien est plus que réticent devant cette mission périlleuse, mais se pliera à la volonté collégiale de restaurer le chef-d’œuvre. La décision adoptée, charge lui est donnée de trouver LE restaurateur assez audacieux pour mener à bien le rajeunissement de Monna Lisa, « la bonne main, précautionneuse et nuancée ».

 

 

Toujours à l’intérieur du musée, parallèlement à ce que vit Aurélien, un autre personnage Homero recruté pour l’entretien du Louvre, se livre à un ballet homérique entre les statues, avec son autolaveuse, sur les notes de L’Été de Vivaldi

 

 

Dans ce roman aux multiples facettes, très documenté mais accessible à tous, Paul Saint Bris analyse avec finesse et non sans humour notre rapport à la beauté, au passé,  et interroge notre relation à l’art, et à la place qu’occupent les œuvres d’art dans nos existences le plus souvent entièrement tournées vers les nouvelles technologies et nous transformant en simples consommateurs. C’est aussi notre relation au changement dont il est question dans le roman.

 

 

En mettant brillamment en scène ses personnages dans ce lieu emblématique qu’est le musée du Louvre, l’auteur nous entraîne dans un roman passionnant et captivant.

 

 

Au fil du récit, l’allègement des vernis qui s’applique à La Joconde bénéficie également aux êtres qui la vénèrent...

 

 

J’ai trouvé ce personnage d’Aurélien, cet homme perdu dans son époque, certes trop mou, et pas assez ferme pour soutenir ses positions, ô combien attachant avec sa mélancolie, sa nostalgie, ses déboires amoureux  et ses lamentations sur le désintérêt actuel de ses contemporains pour les œuvres d’art.

 

 

En créant le personnage d’Homero, Paul Saint Bris a fait preuve de beaucoup de fantaisie et m’a emmenée dans le délire poétique et la passion  de cet homme de manière absolument réjouissante et poétique. Son approche de Monna Lisa est fascinante !

 

 

La restitution de certaines œuvres d’art aux Italiens est également évoquée, un thème on ne peut plus d’actualité puisque sept œuvres à la provenance litigieuse sont sur le point d’être récupérées par l’Italie, mais pas La Joconde de Léonard de Vinci acquise, elle, par François 1er.

 

 

Cette visite littéraire du plus vaste musée au monde est passionnante tout comme sont enrichissantes et intéressantes les techniques utilisées par les restaurateurs, ce métier finalement peu connu.

 

J’ai pris un grand plaisir au fur et à mesure, à retrouver sur la toile les œuvres citées.

 

Une fin un peu abrupte est mon seul bémol.

 

Si j’ai pu apprécier la richesse de L’allègement des vernis de Paul Saint Bris, lauréat du Prix Orange du Livre 2023, c’est grâce à Nicolas Zwirn, Lecteurs.com et les éditions Philippe Rey. Qu’ils soient ici vivement remerciés.

Ghislaine

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Il est dans ma pile prioritaire, mais je ne pourrais le lire qu'après avoir fini la sélection pour le Prix de la Vocation. Hâte car il a vraiment l'air top.
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