Paul Saint Bris : L'allègement des vernis

L’allègement des vernis   par  Paul Saint Bris.

 Philippe Rey (2023) 349 pages.

Prix Orange du livre 2023.

 

 

 

 

 

 

Paul Saint Bris (photo ci-contre), auteur que je découvre avec L’allègement des vernis, a écrit un roman impressionnant, récompensé par le Prix Orange du Livre 2023, où il  fait preuve d’une écriture magnifique pour emmener son lecteur au plus près de l’œuvre picturale la plus célèbre du monde : La Joconde.

 

 

 

En refermant L’allègement des vernis, je me pose cette question qui m’est venue pendant ma lecture : pourquoi un tel roman n’a-t-il pas davantage obtenu d’écho ? D’autres, bien moins riches, bien moins passionnants, confisquent les feux de la rampe. Publié par les éditions Philippe Rey, ce beau livre ne sort pas des catalogues des géants bien connus et ceci explique sans doute cela.

 

 

Déjà, le titre énigmatique  mérite une explication car la technique dite de l’allègement des vernis concerne la restauration des tableaux, manœuvre ô combien délicate ! D’ailleurs, le prologue rappelle le travail de Robert Picault qui, en 1773, sauva une peinture sur bois de Raphaël, peinture qui datait de 1510.

 

 

Rapidement, je suis entraîné sur les pas du personnage principal, Aurélien, directeur du département des Peintures au musée du Louvre. Avec lui, je rencontre Daphné Léon-Delville, tout nouvellement nommée Présidente du même musée. C’est justement elle qui veut augmenter la fréquentation, attirer toujours plus de visiteurs alors que les lieux sont au bord de la saturation, surtout pour admirer La Joconde, l’œuvre mythique de Léonard de Vinci.

 

 

Pour cela, la patronne a fait appel à un cabinet spécialisé qui préconise l’allègement des vernis pour rafraîchir La Joconde… Le laïus tendance de ces spécialistes n’est qu’une cascade d’acronymes et d’anglicismes ; c’est une véritable horreur dont le discours vise à imposer de nouvelles techniques de gestion à l’aide d’un langage préfabriqué. Dire que ces cabinets se font payer très cher avec l’argent des contribuables et que leurs services sont réclamés à tous les niveaux alors qu’élus et responsables devraient faire ce travail !

 

 

Bon. Revenons à Aurélien, véritablement torturé mentalement devant ce qui se prépare mais qui fait tout son possible pour trouver la meilleure solution, allant même en Toscane (photo ci-dessous) trouver un certain Gaetano, bien encadré par ses muses : Giuseppina et Lucrezia

 

 

Heureusement, voici Homéro, un homme de ménage qui apporte une note insolite dans le récit et qui aura une influence importante jusqu’au bout alors que l’auteur me gratifie de détails intéressants sur la vie du musée, les luttes d’influence devenant vite politiques. Paul Saint Bris rappelle, au passage, les polémiques déclenchées par des projets comme les colonnes de Buren, la pyramide de Pei, le Centre Pompidou et bien d’autres qui ont fini par être acceptés.

 

 

Tout le récit est bien documenté, sans tomber dans le didactique. Paul Saint Bris a su me maintenir en haleine, m’inquiéter, me rassurer aussi, rappelant l’histoire d’un tableau que l’Italie nous réclame. Il parle de Lisa del Giocondo, née Gherardini, nommée Monna Lisa, candide bourgeoise de la classe moyenne de Florence, modèle d’un tableau commencé en 1503. L’auteur fournit une belle analyse de l’œuvre signée Léonard de Vinci qui, invité par François 1er, transbahuta son tableau jusqu’à Amboise, en 1516, au Clos Lucé où il mourut en 1519,

 

 

 

 

L’allègement des vernis est un roman toujours saupoudré d’un humour délicat, feutré mais bien senti. Cela n’empêche pas l’auteur de livrer, au passage, une analyse méthodique impitoyable de la progression dans le cerveau et sur tout le corps du choc provoqué par un événement inattendu.

 

 

 

 

Un tel roman est difficile à mener à son terme tellement il bouleverse un ordre établi mais Paul Saint Bris, toujours avec délicatesse, sait ménager les surprises les plus inattendues que je vous conseille de découvrir à la fin d’une lecture aussi étonnante qu’instructive ; c’est un monde dont tout le monde entend parler mais dont nous ne connaissons que le superficiel.

 

 

L’allègement des vernis a un grand mérite : décaper, gratter la surface pour permettre à chaque lecteur de très intéressantes découvertes et je remercie Nicolas Zwirn et Lecteurs.com pour cette inoubliable lecture.

 

Jean-Paul

 

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A
J'ai longtemps tourné autour du livre avant de me décider à le lire, et je ne regrette pas cette lecture.
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A
Vous avez raison de souligner que certains livres ne sont de loin pas assez mis en lumière par rapport à la qualité du travail fait par l'auteur, par rapport à l'ensemble des qualités d'une oeuvre. C'est pour cela que nous les lecteurs nous fions de plus à des avis comme les vôtres, pour acquérir ou faire nos choix de lectures. Merci Jean-Paul de l'avoir souligné dès le début de cette belle présentation
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J
Merci beaucoup Agnès ! Belles lectures à vous aussi !
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