Jérôme Ferrari : Le sermon sur la chute de Rome

Le sermon sur la chute de Rome       par    Jérôme Ferrari

Actes Sud  (2012) 208 pages ; Babel (2013) 208 pages.

Prix Goncourt 2012.

 

 

« Le monde est comme un homme : il naît, il grandit, il meurt… Dans sa vieillesse, l’homme est donc rempli de misères, et le monde dans sa vieillesse est aussi rempli de calamités.» Saint-Augustin écrivait cela en l’an 410.

 

Jérôme Ferrari (photo ci-dessous), ce professeur de philosophie qui enseigne en hypokhâgne, au lycée Giocante de Casabianca de Bastia, note cet extrait du sermon de ce grand homme avant de nous présenter d’abord Marcel Antonetti observant une photo de sa famille prise en 1918, dans la cour de l’école de son village. Il est là, avec sa mère et ses cinq frères et sœurs, pendant que son père est prisonnier en Allemagne dont il ne rentrera qu’en février 1919. Marcel revoit son enfance, ses maladies, l’école qu’il adore et son frère Jean-Baptiste, parti sur les océans. Avec de longues phrases, sans paragraphe, l’auteur emmène le lecteur au rythme de son style fluide et prenant.

 

Dans ce village de moyenne montagne, pas très loin de Propriano, comme celui dont est originaire Jérôme Ferrari, le bar n’a pas ouvert ce matin-là. La gérante est partie au milieu de la nuit et la propriétaire décide de le mettre en gérance. Libero, fils d’immigrés sardes, a grandi ici et rêve du continent. Mathieu, petit-fils de Marcel Antonetti, est né à Paris mais rêve de revenir en Corse. Ils ont fait tous les deux des études de philosophie et ont partagé ensemble toutes leurs vacances. Ils décident de tout plaquer pour diriger ce bar où ils espèrent créer un monde idéal.

 

 

Rapidement, ils mettent tout en place, grâce à Marcel qui accepte de payer les deux premières années de gérance. Annie, serveuse expérimentée, fidélise la clientèle masculine et quatre étudiantes en vacances sont recrutées pour le service. Un bachelier tout frais émoulu de terminale se charge de l’animation musicale, à la guitare, et Annie sait bien le récompenser… Malgré l’arrivée brutale de l’hiver, le bar poursuit son activité et ne désemplit pas. Hélas, Mathieu boit de plus en plus et passe ses nuits avec les serveuses. Sa sœur, Aurélie, voit juste lorsqu’elle revient du chantier de fouilles qu’elle mène en Algérie…

 

 

 

Ainsi, se développe toute une histoire qui est émaillée de retours en arrière pour découvrir la vie de Marcel au Mont-Cassin, en Afrique et à Paris, ainsi que l’histoire d’amour des parents de Mathieu.

 

Au final, Jérôme Ferrari délaisse un peu la Corse pour nous ramener à Hippone, à l’époque où Saint-Augustin pense que « ce monde est mauvais et ne mérite pas que l’on verse des larmes sur sa fin » mais que « les mondes passent l’un après l’autre, des ténèbres aux ténèbres et que leur succession ne signifie peut-être rien. »

 

Finalement, ce Sermon sur la chute de Rome, livre peu impressionnant par sa taille, foisonne d’évènements et d’épisodes toujours décrits avec justesse et humour, une histoire empreinte d’une juste philosophie de la vie.

 

Jean-Paul

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