Alexia Stresi : Des lendemains qui chantent

Des lendemains qui chantent   par  Alexia Stresi.

Flammarion (2023)  442 pages.

Finaliste du Prix Orange du Livre 2023.

 

 

 

Merveilleux roman que celui d’Alexia Stresi : Des lendemains qui chantent ! En effet, j’ai été embarqué rapidement dans l’histoire d’Elio Leone parce que j’ai été vite passionné, souvent ému, parfois attristé mais régénéré par le style d’une autrice au talent déjà affirmé dans deux premiers romans.

 

 

Le livre commence en 1935, à Paris. L’Opéra-Comique, la salle Favart, est plein pour Rigoletto de Verdi. Mademoiselle Henriette Renoult qui fait autorité dans le monde de l’art lyrique, a choisi un jeune Italien pour le rôle de Borsa et voilà que cet inconnu éclipse la vedette qui joue Rigoletto !

 

 

 

Mon impatience, pour savoir et comprendre, va être satisfaite grâce au récit passionnant qui suit et m’emmène aussitôt près de Naples, dans le village de San Giorgio, en 1912. Alexia Stresi raconte, fait vivre un nouveau-né, Elio, et c’est beau, triste, émouvant surtout. Très addictive, cette histoire alterne entre la carrière de celui qui se nomme Elio Leone, formidable ténor de l’opéra, et l’enfance de ce même garçon.

 

 

Alors que les articles de presse, en 1935, sont plus qu’élogieux malgré une entame raciste, vite xénophobe, dans L’écho de Paris, c’est entre 1912 et 1917 que le petit garçon tente de survivre. Entre l’orphelinat et l’hôpital, à Naples, le petit Elio rencontre des personnes généreuses, attentionnées qui lui permettent de résister et surtout d’affirmer une personnalité originale. Le monde, vu par le petit Elio est extraordinaire, ses réflexions savoureuses comme lorsqu’il découvre le sort des réfugiés après la déroute de Caporetto face aux troupes austro-allemandes. Il constate que les infirmières travaillant à l’hôpital sont plus utiles que le directeur…

 

Photo ci-dessus : Salle Favart de l'Opéra Comique.

 

Alexia Stresi (photo ci-dessous) n’oublie pas le côté politique de la vie d’Elio Leone. Il a fui son pays pour ne pas cautionner le régime fasciste arrivé au pouvoir alors qu’il pouvait en devenir le ténor officiel.

 

 

À Paris, il apprend le français, fait de petits boulots, espérant une ouverture pour, à nouveau, chanter sur une scène comme il sait si bien le faire.

 

 

En attendant, l’autrice comble les vides dans le cheminement de son héros comme son placement sur une île faisant partie de l’archipel des Pontines, à environ trente kilomètres de la côte. C’est là que sa foi en Dieu s’enracine et qu’il continue à lire et apprend l’écriture musicale.

 

Photo ci-contre : L'Opéra Comique à Paris.

 

Ce n’est vraiment qu’à Paris qu’Elio Leone s’affirme enfin sur scène en lien étroit avec mademoiselle Renoult qu'il a réussi à rencontrer. Elle a 70 ans et lui 26. Le talent, c’est bien, mais l’affirmer, face au public, c’est une autre paire de manches. C’est là qu’Alexia Stresi excelle, maintenant un suspense, faisant vivre un ténor, ses angoisses, sa vie quotidienne, le travail et les précautions indispensables à prendre pour conserver, entretenir cette voix qui, au travers des opéras de Verdi, émeut tant les foules accourant au théâtre comme le Trocadéro ou le Châtelet.

 

 

Hélas, nous sommes en 1939 et l’Europe va être dévastée par la Seconde Guerre mondiale. Alors qu’il a épousé Fernande, Elio n’hésite pas à s’engager pour défendre le pays où il vit. Débute alors une vie très différente où Elio subit les pires souffrances comme tant d’autres.

 

 

Des lendemains qui chantent porte alors mal son titre mais cette histoire est passionnante, étonnante, déroutante même puisque Alexia Stresi m’emmène très loin, me surprend beaucoup et finit par prouver qu’elle a bien fait d’intituler ainsi son livre.

 

 

Parmi toutes les rencontres faites ensuite par Elio, je souligne surtout Clairvius et Eugène Vanzo. Ce dernier lui permet de réaliser son rêve à la Scala de Milan. Le héros mis en scène par Alexia Stresi ne se laisse jamais griser par des succès qu’il sait éphémères. Lorsqu’il choisit d’œuvrer bénévolement dans une prison, dans un centre de néonatalité et dans une école maternelle, l’autrice réalise une merveilleuse description des sentiments.

 

 

Va, pensiero… comme débute le fameux Chœur des Esclaves du Nabucco de Verdi (photo ci-dessus), est présent jusqu’au bout. Des lendemains qui chantent est une immense réussite littéraire pour Alexia Stresi, un roman aussi passionnant qu’impressionnant, comportant bien d’autres événements et leçons de vie, donnant aussi une furieuse envie d’aller voir et écouter Rigoletto, Nabucco, La Traviata….

 

 

Des lendemains qui chantent faisait partie des cinq finalistes pour le Prix Orange du Livre 2023 et je remercie Lecteurs.com qui m’a permis de me régaler en suivant Elio Leone, un héros que je ne suis pas prêt d’oublier.

 

Jean-Paul

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D
un très beau roman ! j'ai vraiment aimé les personnages, et l'écriture d'Alexia Stresi
Répondre
J
Moi, je lui aurais donné le Prix Orange mais c'est vrai que "L'allègement des vernis" que je viens de terminer est aussi excellent.
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