Vanessa Bamberger : Les brisants

Les brisants    par   Vanessa Bamberger.

Liana Levi (2023) 189 pages.

 

 

 

Alto Braco, le deuxième roman de Vanessa Bamberger, que j’avais apprécié,  se déroulait sur le haut plateau de l’Aubrac. Les brisants, son dernier, comme le titre le sous-entend, évoque la mer et ses embruns et se passe principalement sur l’île de Batz, cette île bretonne au large du Finistère.

 

 

Ces deux romans ne sont pas aussi éloignés  l’un de l’autre qu’ils ne le paraissent. Ils ont en commun la beauté rude des paysages et le cheminement d’une femme en quête de ses origines et de la vérité.

 

 

Dans Les brisants, Marion, restauratrice de tableaux, délaisse ses outils pour se rendre sur l’île de Batz où vingt ans auparavant, son frère Léo, alors âgé de quatorze ans a disparu une nuit, au cours d’une colonie de vacances.

 

Il n’est jamais réapparu et son corps n’a jamais été retrouvé. Marion en avait sept au moment du drame et depuis, leur mère Édith est envahie d’une angoisse permanente.

 

 

C’est en débutant le travail de dévernissage sur Noli me tangere, tableau (ci-dessous) de Peter Paul Rubens et Jan Bruegel le Jeune, que le choc s’est produit pour Marion. Elle a eu l’impression de revoir quelque chose de Léo. Ajoutées à cette évocation plusieurs coïncidences troublantes, et l’idée de partir en Bretagne sur les traces de sa famille voit le jour. Élucider peut-être ce mystère qui plane sur la disparition de ce frère...

 

 

La restauration des tableaux, l’allègement des vernis (titre et thème, par ailleurs, d’un superbe roman de Paul Saint Bris), le comblement des lacunes requièrent tout d’abord un long examen de la toile puis  de longues heures de concentration et de patience afin de redonner son éclat à ce qui l’a perdu, voir surgir les couleurs originelles et permettre ainsi à un tableau ancien de renaître.

 

 

Peut-on faire de même avec le passé ?

Le voyage qu’entreprend Marion pour tenter de soulever le voile de non-dits, de secrets de famille, de violences tues de génération en génération, dénouer les fils d’un passé qui la consume s’apparente beaucoup au métier qu’elle exerce.

J’ai aimé ce rapprochement fait par l’autrice et l’ai trouvé très pertinent.

 

 

Cette quête de vérité, cette enquête, elle doit absolument la mener à terme, quelles qu’en soient les difficultés si elle veut devenir une femme libre.

Vanessa Bamberger (photo ci-dessus) en utilisant ce parallèle montre bien la délicatesse et la grande patience qui doivent être utilisée dans les deux cas.

 

 

Si Les brisants est avant tout un roman psychologique, il est également un thriller et  un roman d’amour dans lequel cette terre inconnue pour Marion qu’est l’île de Batz occupe une place prépondérante. La faune, la flore et ces fameuses algues brunes contribuent grandement à cette atmosphère très mystérieuse, inquiétante et souvent oppressante dans laquelle évolue l’héroïne.

 

 

Vanessa Bamberger, avec une écriture fluide, m’a emportée avec plaisir dans cette aventure qui conte le cheminement d’une femme vers elle-même, vers les autres, vers la liberté… Une renaissance dans laquelle les couleurs sont à l’honneur. « Du ciel couleur graphite », première image, nous nous retrouvons « en pleine lumière », les mots de la fin...

 

 

Ghislaine

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