Daniel Berthet : Ercilie d'Ourène, Baronne de Saint-Jérôme
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Ercilie d’Ourène Baronne de Saint-Jérôme
par Daniel Berthet.
Kariel B. Edition (2022) 227 pages.
Quel plaisir de retrouver la plume ensorcelante de Daniel Berthet !
Il est un auteur sans pareil pour nous faire voyager dans le passé, en l’occurrence dans ce dernier roman, au cœur du 17ème siècle, en toute simplicité et en toute réalité.
Le troisième tome de la collection Les foudres du ciel, après Au nom de notre bonne foi et L’anneau de Saint Jérôme, s’intitule Ericile d’Ourène, Baronne de Saint-Jérôme.
Il peut être lu indépendamment, mais à l’issue de sa lecture, vous n’aurez qu’une hâte, lire les deux premiers pour approfondir votre connaissance d’Ercilie et de ses parents et le contexte historique dans lequel ils ont vécu. Car, oui, l’histoire de la vie d’Ercilie est étroitement liée à la grande histoire et c’est tout ce qui fait le charme de ce roman.
L’auteur, durant la pandémie, « cette longue épidémie de peste qu’on croyait à jamais oubliée », comme il la définit, s’est confiné dans un rêve et a retranscrit ce que la femme au beau prénom, Ercilie, retirée dans son château d’Oyse sur les hauteurs de Digne, confiait à sa dame de compagnie Antonine, pour occuper les longues soirées glaciales de l’hiver 1670.
Quatre parties composent le roman, la première intitulée Le roi est mort.
Ercilie débute en effet le récit de ses souvenirs à partir des années 1610, année où Henri IV fut assassiné et année de ses vingt ans.
Grâce au talent de l’auteur, nous sommes transportés dans un siècle tout aussi terrifiant que les précédents où, au nom d’une religion, pour des ambitions personnelles ou pour des ambitions politiques, des atrocités sont commises.
À travers le destin d’Ercilie, ce sont les intrigues de cour, la religion, la guerre, la peste noire, l’exploitation des paysans corvéables à merci qui sont racontés avec moultes détails.
Difficile de ne pas faire certains rapprochements avec l’époque actuelle…
Mais à ces sombres tableaux s’opposent de nobles sentiments comme l’amitié, l’amour et la solidarité. Beaucoup de sensualité, de magnifiques scènes d’amour qui s’affranchissent de la morale bien-pensante éclairent, embellissent et donnent force et dignité au roman.
Les vrais héros de ce livre et de la vie ne sont pas ceux qui combattent pour gagner un bout de territoire ou quelques âmes mais ces petites gens qui n’ont rien de petit, qui tentent de survivre et ceux qui se battent pour les défendre en fermant les yeux parfois pour moins les pénaliser…
J’ai été subjuguée par la force de l’héroïne Ercilie, qui, de mendiante et de proscrite est devenue baronne d’Ourène. Elle n’a jamais oublié son enfance, ses parents, ses amies. Les mauvais et cruels moments de sa vie, tous comme les bons, l’ont aidée à « grandir » et à faire face à l’adversité. C’est en pensant aux dures épreuves qu’elle a vécues qu’elle tentera au mieux de venir en aide, une fois baronne, aux plus démunis.
De même, la fin de ses pérégrinations avec le retour à ses racines est très émouvant.
Je n’ai pu m’empêcher de penser à l’une des si belles chansons du regretté Jean Ferrat : Nul ne guérit de son enfance…
Cette étonnante histoire de vie avec de nombreux rebondissements au cœur de cette belle fresque historique qui m’a personnellement beaucoup appris sur la situation désastreuse de la Franche-Comté après la guerre de Dix Ans, guerre peste et famine ayant dévasté la région m’ont absolument conquise et enchantée.
De même, j’ai été ravie de faire connaissance avec quelques termes de vocabulaire d’époque telle cette ancienne mesure qu’était la canne ou le vertugadin, l’armature pour faire bouffer la jupe autour des hanches de ces dames…
À noter l’excellente préface de Patrice Saunier.
Je remercie chaleureusement et sincèrement Daniel Berthet (photo ci-contre) pour m’avoir offert son neuvième roman, cette magnifique « mémoire d’une vie », Ercilie d’Ourène, Baronne de Saint-Jérôme.
Ghislaine