Amer Ouali : Le coup d'éclat en Algérie, de la naissance du FIS aux législatives avortées de 1991

Le coup d’éclat en Algérie   par  Amer Ouali.

De la naissance du FIS aux élections avortées de 1991.

Éditions Erick Bonnier (2023) 355 pages.

 

 

 

 

Ce Coup d’éclat en Algérie, comme le rappelle la quatrième de couverture, s’est produit lorsque le président Chadli Bendjedid, au pouvoir depuis 1979, a décidé de quitter ses fonctions en janvier 1992.

 

 

Mais les violences qui en ont découlé prennent leur source bien avant. C’est ce que Amer Ouali remet bien en place dans cet essai patiemment documenté : Le coup d’éclat en Algérie, de la naissance du FIS aux élections avortées de 1991.

 

 

 

L’auteur, décédé le 8 mars 2023 à l’âge de 62 ans, était journaliste à l’Agence France Presse (AFP), à Alger. Il connaît parfaitement son pays et a vécu au plus près les tragiques événements décortiqués dans ce livre.

 

 

Après la préface de Mustapha Hammouche, chroniqueur politique, Amer Ouali (photo ci-dessus) signe un avant-propos très personnel. Il rappelle qu’en 1989, année de la légalisation du Front islamique du salut (FIS), il enseignait dans le lycée Bordj Ménaïel, à 70 km d’Alger et, qu’en même temps, il publiait des articles dans la presse.

 

 

Il a vu ses élèves se métamorphoser et suivre le FIS, comme certains de ses collègues. Ce basculement de la population, il l’a constaté, vécu au plus près : « Dans ce coin de côte est d’Alger, les jeunes se sont pris à se couvrir le torse bronzé souvent exposé au soleil et à troquer le short de plage contre le « qamis », la longue tunique d’Arabie. »

 

 

En 1991, il arrête l’enseignement pour se consacrer entièrement au journalisme pour l’AFP et le quotidien Liberté. Débute alors la décennie noire que je vais suivre pratiquement au quotidien dans Le coup d’éclat en Algérie, de la naissance du FIS aux législatives avortées de 1991.

 

 

Comme je peux le lire en annexe, le FIS n’aurait jamais dû recevoir l’agrément comme association à caractère politique. L’article 5 de la loi 89-11 du 5 juillet 1989 précise : « L’association à caractère politique ne peut, en outre fonder, sa création ou son action sur la base exclusivement confessionnelle, linguistique, régionaliste, d’appartenance à un seul sexe, à une seule race ou à un statut professionnel déterminé. »

 

Cette loi est signée Chadli Bendjedid (photo ci-contre) qui était président de la République lorsque le FIS a été reconnu et a pu conquérir beaucoup de municipalités puis présenter partout des candidats lors des législatives anticipées de 1991. Ce sont les premières élections pluralistes depuis l’indépendance. Le FLN n’est plus le parti unique.

 

 

Ce qui aurait dû augurer d’une belle période démocratique pour l’Algérie va se transformer en bain de sang. Le FIS contrôle 10 000 mosquées, se sert de la grande prière du vendredi pour fanatiser les foules et ça marche.

 

 

Le pouvoir ne réagit pas, laisse faire et engage le pays dans l’impasse. Tout cela, Amer Ouali le démontre très bien en déroulant les événements. Surtout, il appuie son récit sur de nombreuses citations, extraits de discours, communiqués de quelque bord qu’il soit.

 

Photo ci-dessus : Abassi Madani, imam cofondateur du FIS.

 

Comme les islamistes se réfèrent constamment à Dieu, leur volonté vient d’en haut et tout est possible, même les plus lâches assassinats. Quand l’état de siège est instauré, que la dissolution du FIS est enfin prononcée, les victimes se comptent par milliers côté partisans de l’islam radical appelant au djihad, voulant appliquer la charia, comme du côté police, armée et politique.

 

 

 

Amer Ouali n’oublie pas, au passage, de mentionner l’attitude de la France et du président François Mitterrand qui met du temps à condamner fermement les islamistes. Certains membres du FIS viendront d’ailleurs se réfugier en France.

 

 

Ces pages d’histoire d’un pays fortement lié à la France méritaient d’être rappelées et contées par le détail. Elles peuvent d’ailleurs servir de leçon pour un pays comme le nôtre en train de se débattre face à l’intrusion de plus en plus prégnante de signes religieux à l’école, par exemple.

 

 

 

 

Amer Ouali (photo ci-contre), trop tôt disparu, mérite toute mon admiration et mon émotion pour le travail accompli et je remercie Babelio et les éditions Erick Bonnier qui m’ont rappelé, détaillé et surtout permis de comprendre ces années algériennes dramatiques. Hélas, la conclusion de l’auteur n’est pas très optimiste.

 

 

Jean-Paul

 

 

 

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