Philippe Jaenada : Sans preuve & sans aveu

Sans preuve & sans aveu    par  Philippe Jaenada.

Mialet-Barrault (2022) 250 pages.

 

 

« … ce livre a simplement pour intention d’essayer de montrer qu’Alain Laprie n’a pas été correctement jugé. Que la gendarmerie et la justice n’ont pas accompli sérieusement la mission qu’elles sont censées accomplir. »

 

 

 

 

Après La petite femelle, La serpe et Au printemps des monstres, Philippe Jaenada a décortiqué à nouveau une affaire judiciaire. Cette fois-ci, c’est dans l’urgence qu’il a épluché un dossier puis écrit car Alain Laprie est en prison, qu’il souffre quotidiennement de conditions de vie atroces, condamné à quinze ans de réclusion, Sans preuve & sans aveu.

 

 

 

Le mercredi 17 mars 2004, Marie Cescon (88 ans) a été découverte baignant dans son sang, dans sa maison en partie détruite par le feu, à Pompignac (carte ci-dessous), près de Bordeaux. Avec son talent habituel, Philippe Jaenada traite le dossier, raconte, évalue, dénonce, argumente. C’est précis, détaillé et très intéressant à lire.

 

 

Une fois de plus, l’auteur prouve qu’une erreur judiciaire s’est mise en place et a été facilitée par des gendarmes et des juges sûrs de leur opinion, s’acharnant sur un homme que toute enquête sérieuse, ne dédaignant aucun détail, permettrait d’innocenter.

 

 

 

L’affaire de l’assassinat de Marie Cescon est avant tout une histoire de famille que Philippe Jaenada (photo ci-dessous) détaille parfaitement. On parle d’héritage, d’argent bien ou mal géré, cet argent au sujet duquel toute famille peut se déchirer.

 

 

 

J’apprends qu’Alain Laprie était « le neveu préféré » de Marie Cescon, qu’il était son héritier désigné dans son testament mais que d’autres membres de la famille n’acceptaient pas ce cadeau.

 

 

 

De plus, il y a cet incendie partiel de la maison, le gaz ouvert ou fermé, le feu qui couvait ou non. Tout cela avait une importance capitale pour les horaires de la soirée et rien n’est vraiment tiré au clair.

 

 

 

Alain Laprie subit des gardes à vue, est incarcéré, libéré, acquitté lors d’un premier procès. Hélas, le Parquet fait appel et un second procès est même interrompu, renvoyé pour arriver à celui qui inflige la condamnation facilitée par la projection d’une vidéo. Il s’agit de la confrontation entre Alain Laprie et son oncle, Georges, décédé, frère de Marie Cescon, auteur d’une révélation qui a fait basculer l’affaire sans la moindre preuve.

 

 

Il faut lire Sans preuve & sans aveu pour comprendre comment la vie d’un homme peut s’effondrer sur de simples présomptions, des accusations infondées, des rapports d’experts bien arrangeants et sur la négligence d’éléments prouvant l’innocence d’Alain Laprie (photo ci-contre).

 

Philippe Jaenada, contrairement à son habitude, évite les longues digressions, pourtant très intéressantes, de ses précédents livres. Malgré tout, cela ne l’empêche pas de glisser quelques clins d’œil qui font sourire et détendent un peu la lecture.

 

 

C’est la vie d’un homme qui est en jeu, toute sa famille qui est brisée Sans preuve & sans aveu. Malgré les belles formules comme la présomption d’innocence ou le bénéfice du doute, la réalité est tout autre. Manque de moyens du système judiciaire, formation insuffisante des gendarmes enquêteurs, les exemples similaires foisonnent et il serait temps de remédier à cela, de faire cesser ces scandales car l’intime conviction ne doit jamais remplacer les faits, les preuves, l’absence d’aveux.  Cette solution de facilité cause trop de dégâts humains irréversibles pour être la règle.

 

Jean-Paul

 

 

 

 

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M
Un auteur que je n arrive pas à lire, j'avais **détesté**la petite femelle, j ai essayé avec la serpe, mais j'ai capitulé;;;;;;;;;;;;Je ne peux vraiment pas
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M
J'avais beaucoup apprécié "La serpe" de cet auteur (https://www.bulledemanou.com/2018/01/la-serpe/philippe-jaenada.html) mais je n'ai pas eu l'occasion de le lire à nouveau. Je note donc ce titre qui pourrait me plaire en effet. Merci pour ta chronique
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J
C'est parfait ! Merci à vous deux.
A
Oui Manou vous ne serez pas déçue car, comme le présente très justement Jean-Paul, c'est une lecture intéressante. Plus courte que la Serpe, mais c'est une des raison pour laquelle j'ai apprécié cet ouvrage (La Serpe était un sacré pavé)
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