Brit Bennett : L'autre moitié de soi

L’autre moitié de soi       par     Brit Bennett.

 Traduit de l’anglais (USA) par Karine Lalechère.

Titre original : The Vanishing Half.

Éditions Autrement (2020) 476 pages.

 

Voilà une histoire qui couvre trois générations et que Brit Bennett, pour son second roman, maîtrise parfaitement.

L’autre moitié de soi tourne autour de deux sœurs jumelles : Desiree et Stella Vignes. Un jour du mois d’août 1954, elles ont subitement disparu, quitté ce quartier improbable de Mallard, en Louisiane, pour se rendre à La Nouvelle-Orléans. D’emblée, je suis plongé dans le racisme de ce sud des État-Unis car voilà que quatorze ans après sa disparition, Desiree revient tenant par la main, sa fille, Jude, noire, comme Sam, son père, un avocat qui brutalise sa mère.

 

Or, à Mallard, de génération en génération, on essaie de devenir de plus en plus blanc afin d’échapper au racisme ambiant. Adele, la mère des jumelles, a pour ancêtre le fondateur de la ville mais son mari a été assassiné par quatre Blancs devant ses filles ! Alors, Adele doit les élever seule, faire le ménage chez de riches Blancs. Puis, elle oblige Desiree et Stella à arrêter l’école pour l’aider.

 

 

C’est à La Nouvelle-Orléans où Desiree travaille, à dix-huit ans, pour le FBI, que subitement aussi, Stella disparaît. Celle-ci n’avait qu’une obsession, se faire passer pour une Blanche et elle y réussit parfaitement, basant toute sa vie sur le mensonge.

 

Avec Jude donc, la troisième génération intervient. La voilà championne d’athlétisme sur 400 mètres, admise à l’UCLA, elle qui, tellement noire de peau, est en bute aux moqueries dès l’école primaire, à Mallard.

 

Early Jones, chasseur de primes, payé par Sam, le mari violent, pour retrouver sa femme, Desiree, joue un rôle important. Jude est tombée amoureuse de Therese Ann Carter qui se fait appeler Reese et a décidé de changer de sexe. Ils vivent ensemble à Los Angeles où vit… Stella Sanders, dans un quartier huppé où elle affiche une haine viscérale envers les Noirs…

 

Toute cette histoire s’imbrique parfaitement avec des sauts dans le passé permettant d’expliquer, de comprendre. Stella qui a épousé son patron, a tout, l’argent, le luxe, ne travaille pas mais n’est pas heureuse, même si sa fille, Kennedy, l’a occupée quelques années.

 

Au fil de ma lecture, je sens bien arriver l’inéluctable : la rencontre entre les deux filles, tellement différentes, des sœurs jumelles. Tout cela, Brit Bennett (photo ci-dessus) l’analyse finement, trouve beaucoup de situations, d’événements différents pour maintenir mon attention en éveil.

 

Comme chacun s’en doute, la grande question est de savoir si les deux jumelles se retrouveront un jour, elles qui sont si éloignées géographiquement, socialement, culturellement.

 

Avec suffisamment de tact et beaucoup de douceur, l’autrice mène son roman à son terme, démontrant qu’il est toujours possible à chacune et à chacun de se réaliser, de trouver sa voie, quitte à changer complètement.

 

Desiree, Stella, Adele, Early, Reese, Jude, Kennedy peuplent ce roman et m’ont passionné jusqu’au bout. La couleur de leur peau, leur sexe assumé ou changé, leur choix de vie amoureuse et professionnelle, tout cela est superbement raconté.

 

Au fil des pages d’un livre, lu grâce à Lecteurs.com et aux éditions Autrement que je remercie, malgré les importantes questions que chacun se pose, j’ai vu leur personnalité se révéler puis se réaliser et cette lecture m’a tenu en haleine jusqu’au bout.

Jean-Paul

 

 

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