Maria Larrea : Les gens de Bilbao naissent où ils veulent

Les gens de Bilbao naissent où ils veulent   par  Maria Larrea.

Grasset (2022) 224 pages ; Feryane (2022) 327 pages.

Prix du Premier roman 2022.

Prix Les Inrockuptibles (premier roman) 2022.

 

 

 

En écrivant Les gens de Bilbao naissent où ils veulent, Maria Larrea a effectué un pèlerinage harassant pour retrouver ses origines.

 

 

Au cours de ce roman autobiographique, elle libère tout ce qui freine son épanouissement complet de fille d’immigrés espagnols qui a grandi au cœur de Paris.

 

 

Ma lecture est passée par plusieurs phases, les deux principales étant l’histoire de ses parents, de sa grand-mère d’abord, histoire suivie par la quête effrénée de Maria Larrea (photo ci-dessous) qui fait tout pour tenter de savoir ce que ses parents lui ont toujours caché.

 

 

Dans son livre, l’autrice m’a tout de suite accroché à son récit par son style percutant, sans fioritures, avec des mots crus. Elle n’hésite pas à décrire la dure réalité des gens du peuple, surtout ce que subissent les femmes, dans cette Espagne placée sous le joug du franquisme.

 

 

Quand Dolores, sa grand-mère, accouche de Victoria, le fait que l’enfant soit une fille est aussitôt ressenti comme un malheur. D’ailleurs, le bébé est sans délai placé au couvent de Santa Catarina où des couples en manque d’enfant viennent faire leur marché. Hélas, Victoria ne trouve pas preneur malgré ou plutôt à cause de sa beauté, chaque femme redoutant une tentation trop forte pour son mari… Finalement, Dolores la reprend un peu plus tard parce qu’elle a besoin d’une bonne à la maison.

 

 

 

Maria Larrea me plonge ensuite en plein Paris où elle a été scolarisée. Julian, son père, est gardien du théâtre de La Michodière et sa mère, Victoria, femme de ménage. Hélas, cet homme boit beaucoup, de plus en plus, et violente sa femme.

 

 

C’est maintenant le moment de faire connaissance avec ce garçon enfanté par Josefa,  une prostituée de Bilbao, le 28 juin 1943. Comme le client le plus régulier de Josefa se nomme Julian, elle l’appelle… Julian.

 

 

 

Ce dernier est aussitôt placé dans un orphelinat situé près de San Mamés, le stade de l’Athletic Club Bilbao. Dès qu’il le peut, Julian s’engage dans la marine pendant que Victoria ne parvient pas à échapper au « désir de son père ». Heureusement, elle trouve du réconfort auprès de Rosalia qui lui apprend à parler le galicien.

 

Avec l’histoire familiale de Victoria et Julian, les bases familiales sont bien décrites. Si le couple vit et travaille à Paris où grandit leur fille, chaque été, la petite famille rentre à Bilbao, au Pays basque car Julian est un fervent soutien de l’ETA (Euskadi Ta Askatasuna, ce qui signifie « La liberté pour le pays basque »). Ainsi, Julian est solidaire de ceux qui militent pour l’indépendance du Pays basque.

 

 

Il faut une forte personnalité à la jeune Maria pour supporter le mépris affiché envers « les filles du rez-de-chaussée », qu’elles soient espagnoles, portugaises, yougoslaves… Maria épate les bourgeois. Elle fume, approvisionnée par sa mère, mais se drogue aussi, hélas, deux fois hélas.

 

 

Aussi, l’autrice se montre sans concession envers ses parents, répète que son père est un ivrogne, qu’il dépense sans compter, qu’il veut s’affirmer comme le plus riche des pauvres !

 

 

La carrière de Maria Larrea dans le cinéma – elle veut être réalisatrice – peine à s’affirmer. Elle a épousé Robin. Après trois avortements, elle met au monde Adam mais c’est sur sa propre naissance qu’elle se pose de plus en plus de questions. De plus, elle se demande  pourquoi elle veut toujours jouer dans ses films.

 

 

C’est au contact d’une tarologue que la révélation est faite et va être l’objet de la quête détaillée et à rebondissements qui fait l’objet de la seconde partie. Sa lecture passe, pour moi, du passionnant au lassant pour revenir au passionnant car Maria Larrea mène bien sa barque pour arriver aux révélations finales qui relancent à propos l’intérêt de ma lecture.

 

 

J’ajoute que Les gens de Bilbao naissent où ils veulent fait partie de la sélection pour le Prix des Lecteurs des 2 Rives 2023.

Jean-Paul

 

 

 

 

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D
tellement aimé ce roman, et les belles rencontres avec l'autrice à Manosqe
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M
Très belle chronique toujours superbement illustrée. Je suis en liste d'attente pour le lire à la médiathèque.
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J
Merci manou !
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