Olivier Barde-Cabuçon : Tuez qui vous voulez

Tuez qui vous voulez      par   Olivier Barde-Cabuçon.

Actes noirs – Actes Sud (2014), 378 pages ; Babel noir (2017) 391 pages ; À vue d’œil (2015).

 

 

Nous sommes à Paris, trente ans avant la Révolution de 1789, en pleine période de Noël. Il fait froid mais la foule se presse dans les rues principales de la ville et sur les quais de la Seine car le roi donne un grand feu d’artifice.

 

Un faux moine se faufile dans une ruelle mais il est agressé et égorgé. Sa langue a été tranchée et il avait sur lui une lettre en russe… Prévenu, le commissaire aux morts étranges, Volnay, est sur les lieux avec sa compagne, L’Écureuil. Son supérieur, Sartine, lieutenant-général de police, est présent aussi lorsque passe une bande de fêtards dont l’un d’eux n’est autre que le père de Volnay, déguisé lui aussi en moine, qui montre ses fesses à Sartine !…

 

Ce polar prérévolutionnaire commence donc très fort. Une affiche annonce « La fête des Fous », manifestation interdite car le pouvoir craint des émeutes. « Paris est une ruche géante et bourdonnante » qui compte 600 000 habitants plus les étrangers.

 

Ce meurtre est le troisième en quelques jours et les trois victimes ont entre 20 et 25 ans. Olivier Barde-Cabuçon (photo ci-dessous) nous emmène sur les traces de Volnay père et fils, à la recherche du ou des assassins. Le plus difficile est d’éviter les fausses pistes qui sont nombreuses mais cette recherche donne l’occasion à l’auteur de nous plonger dans la vie du peuple de Paris qui est dans la misère, ce qui contraste beaucoup avec le train de vie des privilégiés.

 

 

Ainsi, nous faisons connaissance avec les convulsionnaires, inspirés par le jansénisme dont l’origine est bien rappelée. Exaltés, hystériques, certains vont jusqu’à supplicier, surtout des femmes, volontaires pour endurer les mêmes souffrances que le Christ.

 

 

Au passage, il faut éviter un pot de chambre vidé par une fenêtre sans crier gare, découvrir le petit métier de décrotteur qui consiste à aider les gens à traverser la rue sans se salir, croiser de nombreuses prostituées et se méfier de tout le monde car les mouches pullulent. Ces mouchards sont bien utilisés par Volnay et son père qui tentent de travailler de la manière la plus objective possible, utilisant même les connaissances scientifiques de l’époque pour faire avancer leur enquête.

 

 

Au passage, un renseignement sanitaire mérite d’être noté : « Dans les cabarets et les tavernes, il est moins risqué de boire une saine piquette que l’eau noirâtre qu’ils servent. » L’auteur nous emmène aussi chez un apothicaire très performant, dans une librairie que fréquente le chevalier d’Éon, personnage important de l’histoire qui permet aussi de croiser Choiseul, le ministre des affaires étrangères.

 

 

Au final, Volnay fera toute la lumière sur ces meurtres mais ce livre aura été l’occasion d’une drôle d’aventure dans une vie parisienne très dense où bouillonnent déjà les idées qui permettront de renverser le pouvoir royal, un peu plus tard.

 

Jean-Paul

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Thème Magazine -  Hébergé par Overblog