Yves Montmartin : Le code

Le code    par   Yves Montmartin.

La chouette à lunettes (2023) 276 pages.

 

 

Si j’avais déjà apprécié l’écriture de Yves Montmartin, cet artisan écrivain comme il aime à se définir, avec La mauvaise herbe, roman sur le destin tragique d’une jeune femme algérienne et Brindille, un roman jeunesse plein de délicatesse et de fraîcheur, je n’avais pas encore découvert ses talents en tant qu’auteur de roman policier. Voilà chose faite avec Le code.

 

 

Je dois avouer que j’ai été scotchée et tenue en suspense de la première à la dernière ligne avec l’histoire de ce représentant devenu tueur en séries, m’évertuant jusqu’au bout à décrypter, en vain, le secret de sa signature et ce fameux code.

 

 

Mais reprenons. Près de Saint-Étienne (photo ci-dessous) vit Philou, un enfant de dix ans, dont le père, alcoolique, ce père qu’il appelle L’Autren’hésite pas à frapper sa femme. Dans les moments de calme, rares, Philou reste dans sa chambre à lire Les Intrépides, les aventures de quatre adolescents, dont il est passionné, s’imaginant à leurs côtés. La lecture lui permet de s’évader, d’oublier les cris, les coups les pleurs.

 

 

De plus, dès l’école primaire, il est le souffre-douleur de ses camarades de classe qui se moquent de son embonpoint. Au collège, sa situation ne s’améliore pas car il retrouve tous ceux qui prenaient plaisir à l’humilier en primaire. Ce surpoids a ainsi gâché les vingt premières années de sa vie.

 

 

Aussi, une fois son BTS Action commerciale en poche, n’a-t-il qu’une seule envie, déserter cette cellule familiale transformée en ring dès que le père rentre du travail, aviné, sa mère incapable de le quitter.

 

 

 

Son physique rondouillard et sa bonhomie naturelle convainquent sans doute Monsieur Bony, directeur des Établissements du même nom, spécialisés dans l’outillage, de lui donner sa chance.

 

 

Donc, une fois son contrat en poche, devenu représentant exclusif de la marque pour la région Auvergne-Rhône-Alpes, il sillonne les routes de la région à bord de la voiture de fonction qui lui a été octroyée, une voiture sans logo ni aucune inscription, une Citroën C4 aircross, en reconnaissance de ses excellents résultats. Il quitte le pavillon où il réside avec son épouse Gisèle, le lundi matin et ne rentre que le vendredi vers 18 heures, dormant les soirs, à l’hôtel.

 

 

 

Si tout avait bien commencé entre Philou et Gisèle, leur couple a sombré rapidement dans la monotonie et leur vie est devenue mortellement ennuyeuse, mais notre homme semble voir  le hasard lui envoyer un signe.

 

À part lire L’Équipe ou France Football, Philou n’était pas vraiment porté sur la littérature.

 

 

 

Or voilà que lors d’un séjour à Annecy (photo ci-dessus), en quête d’une terrasse ombragée pour apprécier une bière bien fraîche, il est attiré par la devanture d’une librairie dont la vitrine entière est consacrée au thriller de l’année, intitulé « Le boucher ». Séduit par le résumé, il l’achète et le lit d’une traite. Ce polar sera le premier d’une longue liste.  Devenu addict, il devient un expert en tueurs en série, captivé par leur façon de procéder et remarque que de meurtre en meurtre, le tueur prend de l’assurance, devient moins attentionné, baisse la garde, se met en danger jusqu’à commettre une erreur qui lui est fatale.

 

 

Aussi, notre représentant prend des notes et se donne quatre règles. Pensant avoir toutes les cartes en main, convaincu que pour rester impuni, il ne faut pas commettre le meurtre de trop, aussi, il s’en tiendra à cinq, cinq crimes, pas un de plus. Il ne lui reste qu’à attendre le bon moment…

 

Photo ci-dessus : Saint-Bonnet le Courreau (Loire).

 

L’épigraphe, cette phrase de David Berkowitz, tueur en série américain, placée au début du roman, définit précisément les états d’âme et l’esprit de Philou, ce tueur absolument atypique, lors de ses meurtres :  « Je ne voulais pas leur faire de mal. Juste les tuer. »

 

Yves Montmartin (photo ci-dessus) décrypte finement la froideur et la précision utilisée par celui que rien ne prédestinait au départ à devenir un tueur en séries.

 

Photo ci-dessus : Le Puy-en-Velay (Haute-Loire).

 

Mais, effectivement, il ne faut peut-être pas sous-estimer toutes les souffrances psychologiques endurées par ce garçon qui assistait de façon récurrente et sans pouvoir intervenir aux violences que son père ivre faisait subir à sa mère, graves souffrances auxquelles s’ajoutaient encore, en dehors de la cellule familiale, les moqueries quotidiennes à l’école. Des épreuves sans doute enfouies dans son inconscient mais qui ressurgissent à l’effondrement de son couple malgré les satisfactions apportées par son travail. Comme une sorte de vengeance sur l’adversité, un moyen de montrer toutes ses capacités et son intelligence et aussi une façon de s’occuper pour ne pas tomber dans la déprime. Une sorte d’aventure à la manière des Intrépides

 

Ce qui fait le charme de ce roman policier outre l’intrigue fort astucieusement menée, c’est aussi la belle balade en  Auvergne Rhône Alpes à laquelle nous convie Yves Montmartin. Cette virée a le mérite de nous faire découvrir maints lieux de cette belle région avec leurs richesses et leur histoire. L’auteur commence avec Saint-Étienne, où vit le héros et n’omet pas de parler de ces fameux « Verts », même si, actuellement, ils sont plutôt en perte de vitesse et en souffrance. Puis ce seront une foule d’autres lieux qui seront présentés, jalonnant l’itinéraire sanglant de ce tueur en série. Pour n’en citer que quelques-uns : Saint-Bonnet-le-Courreau, Le Puy-En-Velay, Chapareillan, Mirmande, Arpajon-sur-Cère, Saint-Priest-en-Jarez (Photo ci-dessous), Annecy… Même si une carte de L’AURA se trouve en page 214, j’aurais apprécié que celle-ci soit placée en début d’ouvrage avec les déplacements du représentant.

 

 

Surprise et nœud de l’enquête, il y a également des incursions en Sologne, à Bourges, à Strasbourg et même en Corse !

 

 

 

Cerise sur le gâteau, un avertissement en avait informé le lecteur, un « chouette » rebondissement attend le lecteur, à la façon de ces CD avec morceau caché, souvenez-vous…

 

 

 

Je remercie sincèrement Yves Montmartin pour m’avoir offert cette passionnante lecture et j’encourage vivement chacune et chacun à se plonger à son tour dans ce captivant roman policier pour tenter de découvrir LE CODE !

Ghislaine

                             

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A
C’est une superbe critique solidement argumentée et joliment illustrée.<br /> Bravo.
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D
Merci Alain
A
Depuis que je suis Yves Montmartin via Babélio, je découvre ses multiples facettes. <br /> Comment fait-il pour trouver assez de temps, dans les 24 heures que compte une journée, pour lire autant et écrire en plus sur des thèmes variés et nécessitant des recherches ?<br /> Merci à tous les deux d'avoir aussi bien présenté ce polar et l'écrivain<br /> Agnès
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D
Question que nous nous posons aussi !<br /> Merci Agnès;
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