Paolo Giordano : Tasmania

Tasmania    par   Paolo Giordano.

Traduit de l’italien par Nathalie Bauer.

Le bruit du monde (2023) 323 pages.

Rentrée littéraire 2023.

 

 

 

Pour son cinquième roman, Tasmania, l’écrivain italien Paolo Giordano (photo ci-contre) également docteur en physique théorique, s’attache à suivre un homme en crise.

 

 

 

En novembre 2015, cet homme écrivain et journaliste mais aussi narrateur de Tasmania est venu à Paris, couvrir la conférence des Nations Unies consacrée à l’urgence climatique, quelques jours seulement après les attentats.

 

 

 

Cette situation de crise fait écho à celle que traverse le couple qu’il forme avec sa compagne Lorenza.

 

 

Bref, la crise climatique et celle qu’il vit en privé, les attentats islamistes, pas sûre que les vacances à la Guadeloupe (photo ci-dessus) concoctées par Lorenza, une semaine de tropiques, ne soient en mesure d’y remédier...

 

 

 

De manière désinvolte et un peu fataliste, il s’entoure de personnages assez inclassables qui, chacun à leur manière apportent du sens à son univers, que ce soit cet ami, jeune physicien aventurier Giulio, ce climatologue spécialiste des nuages, Novelli, cette reporter plutôt originale Curzia ou encore ce prêtre Karol qui a rencontré la femme de sa vie…

 

 

C’est d’ailleurs après une discussion avec Giulio qu’il décide de reprendre son ancien projet d’écrire un livre sur la bombe atomique, livre qu’il aura du mal à mener à terme.

 

Paolo Giordano raconte la vie de cet homme, sa solitude, son ennui, sa lassitude, ses chagrins, ses peurs. Il parle du présent, certes mais aussi et surtout de l’avenir.

 

 

J’ai eu beaucoup de mal à m’attacher à ce personnage. Il ne m’a intéressée que lorsqu’il parlait de ces fameuses bombes dont bon nombre des physiciens du projet Manhattan pensaient qu’elles ne seraient pas vraiment utilisées, et certainement pas sur des cibles civiles.

 

 

Les témoignages des rescapés d’Hiroshima et de Nagasaki sont précis et bouleversants.

 

 

Il est question également de l’importance des nuages dans l’histoire de la bombe. Comment le 9 août 1945, suite à un nuage étrange qui ne semblait pas vouloir se dissiper, l’équipage du B-29 décida de renoncer à Kokura et se dirigea vers Nagasaki : naga (long) saki (promontoire), la ville suivante sur la liste des cibles…

 

 

Quant à l’effet des radiations, les habitants, personnel médical compris, personne ne savait…

 

 

Postérieurement, pour le moins troublés par le massacre de centaines de milliers de personnes et par l’effacement de deux villes, un certain nombre de physiciens du projet Manhattan formèrent une association à but non lucratif dénommée Bulletin of the Atomic Scientists. Ils inventèrent alors  la Doomsday Clock, l’horloge de l’apocalypse, sur laquelle  minuit correspond symboliquement à la fin du monde. Comment ne pas être épouvanté quand on sait qu’en raison de l'incapacité des dirigeants mondiaux à faire face aux menaces imminentes d'une guerre nucléaire et du changement climatique, le 23 janvier 2023, l’horloge affichait minuit moins 90 secondes, ce qui est l'heure la plus proche de minuit depuis sa création ! 

 

 

Le narrateur qu’il faut sans doute apparenter à l’auteur lui-même se pose d’ailleurs fort judicieusement quelques questions, à savoir comment il se serait conduit à la place de ces physiciens, s’il aurait continué, s’il aurait laissé tomber, s’il aurait été capable de voir l’avenir et s’il se serait montré ensuite à la hauteur de cette vision.

 

 

 

Dans son roman Tasmania, Paolo Giordano mêle intime et universel, nous rappelant que chacun peut trouver un espace où écrire son avenir. Novelli, pour sauver sa peau, en cas d’apocalypse,  aurait choisi quant à lui la Tasmanie (photo ci-dessus) !

 

Merci aux éditions Le bruit du monde et à Babelio pour cette lecture enrichissante.

 

Ghislaine

 

 

 

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A
Très intéressante critique, culturellement fouillée. Mais on sent que tous les deux vous avez eu du mal à accrocher (essentiellement lié du au personnage). Dommage que l'auteur ,qui tenait là un bon sujet, ne s'en soit pas mieux sorti
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