Raphaël Esrail : L'espérance d'un baiser

L’espérance d’un baiser         par      Raphaël Esrail.

Le témoignage de l’un des derniers survivants d’Auschwitz.

Robert Laffont (2017) 284 pages.

 

 

Raphaël Esrail est né en Turquie, en 1925, dans une famille juive qui émigre en France et s’installe à Lyon l’année suivante. Adolescent, il est très attentif à l’actualité et entre aux Éclaireurs Israélites de France. Cette organisation tente d’aider au mieux les Juifs étrangers réfugiés dans les camps situés à la fois en zone occupée comme en zone libre, en leur préparant des colis.

 

 

Élève ingénieur à l’École Centrale de Lyon, il sera ensuite recruté par la Résistance juive pour la confection de faux papiers. Il va continuer sa double vie d’étudiant et de faussaire jusqu’au 8 janvier 1944 où il est arrêté en se rendant au laboratoire de faux papiers.

 

 

Emprisonné à Montluc, il est torturé mais ne parle pas. Le 25 janvier, il est transféré avec une cinquantaine de Juifs, dans un camion militaire allemand bâché, jusqu’au camp de Drancy. C’est durant les six jours de son passage à Drancy qu’il fait connaissance avec Liliane, sa future femme.

 

 

Le 3 février, c’est le départ dans un convoi de déportation qui durera trois jours et dont le terminus est Auschwitz pour lui et Birkenau, pour elle. Ils arriveront à y survivre onze mois avec l’espoir chevillé au corps de se revoir.

 

 

C’est à l’âge de 91 ans qu’il décide d’écrire son témoignage, sa petite-fille, Aurélie (33 ans), le poussant à le faire depuis bien des années.

 

 

Président de l’Union des déportés d’Auschwitz, Raphaël Esrail (photo ci-contre) qui a connu toute l’horreur de cette guerre, un des derniers survivants des camps de concentration et d’extermination le plus tristement célèbre, nous livre, dans L’espérance d’un baiser, un témoignage personnel indispensable. Ce récit nous relate une réalité d’une cruauté et d’une violence inouïes où la mort est omniprésente et peut s’abattre à chaque instant.

 

 

Dans la première partie du livre, l’auteur décrit avec pudeur et justesse, sans aucun pathos, les épouvantables conditions de vie à Auschwitz et à Birkenau. Pour survivre à la faim et au froid, aux coups, à la maladie, bref aux conditions horribles et insoutenables, il fallait une force physique et une force mentale hors du commun : « C’était un abattoir humain, une usine de mort à la cadence inimaginable. »

 

Le fait d’avoir été pris parce qu’il était résistant l’a aidé, dit-il, à titre personnel. Il savait pourquoi il était là. Ceux qui étaient pris uniquement parce qu’ils étaient juifs ne pouvaient pas comprendre.

 

 

Raphaël Esrail (photo ci-contre) raconte ensuite la fin des camps et le difficile retour à la réalité. C’est la vague négationniste de la fin des années soixante-dix qui lui fait prendre conscience de la fragilité, dans le « grand public », des connaissances de la réalité de la déportation et de l’assassinat des Juifs. En 1988, prenant sa retraite d’ingénieur, il retourne se bagarrer, non pas pour raconter son propre martyre, mais pour le devoir de mémoire : « celle, glorieuse, des Résistants, et celle, douloureuse, des Juifs. » Pour cela, il témoigne auprès des jeunes, contribue à la formation d’enseignants en organisant des voyages à Auschwitz et par des publications comme le DVD-Rom « Mémoire Demain ».

 

 

Il faut continuer inlassablement la transmission de la mémoire de la Shoah pour qu’il n’y ait plus jamais ça ! Au vu de ce qui se passe dans le monde actuel, il est plus que jamais indispensable d’être vigilant si l’on ne veut pas revivre un tel enfer. Le respect et la tolérance de l’autre sont deux valeurs fondamentales si l’on veut vivre en paix et libres ! L’espérance d’un baiser est un livre poignant à lire absolument !

Ghislaine

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