III. Correspondances de Manosque 2023

III. Correspondances de Manosque 2023

25ème édition

Vendredi 22 septembre.

 

Photo ci-dessus : L'Écritoire à Vertiges, Place des Observantins.

 

Le beau temps semble revenu aujourd’hui et c’est beaucoup plus agréable pour les nombreux amateurs de littérature qui se pressent sur les trois places du centre historique de Manosque (Hôtel de Ville, Marcel Pagnol et d’Herbès) pour écouter les écrivains qui parlent tous avec talent de leur dernier livre. Il faut aussi saluer le métier de celles et de ceux que l’on nomme « modérateurs » mais qui valent bien un François Busnel ou un Augustin Trapenard

 

 

Chaque jour, le journal La Provence consacre une page entière aux Correspondances de Manosque avec des articles bien écrits et denses. Ce vendredi 22 septembre, surprise ! C’est Maëlle Sagnes qui tient la vedette dans la rubrique « Dans les coulisses du Festival ». Pour Ghislaine et moi, c’est un moment d’émotion et un plaisir de lire ce texte car c’est Maëlle qui nous a parlé la première des Correspondances et c’est « à cause d’elle » que nous sommes fidèles depuis huit ans à cette manifestation, pour notre plus grand plaisir. Bravo à Lucas Emmanuel, l’auteur de cet article !

 

Chloé Delaume « Pauvre folle » et Hugo Lindenberg « La Nuit imaginaire ».

 

 

Ces deux écrivains, nous les avions déjà écoutés lors d’une précédente édition et c’est bien que ces autrices et auteurs reviennent. Salomé Kiner se charge d’animer le débat et ce n’est pas très facile car il faut jongler habilement avec les deux, tout en restant équitable pour le temps de parole. Rassurez-vous, tout se passe très bien.

 

 

Cerner « Pauvre folle », dernier roman de Chloé Delaume, attendu après « Le cœur synthétique », Prix Médicis 2020, est assez difficile.

 

 

Pour l’autrice, il est impossible d’effacer le terrible traumatisme vécu alors qu’elle avait dix ans. Devant elle, son père abat sa mère et retourne l’arme contre lui. Dans « Pauvre folle », son héroïne se nomme Clotilde. Lors d’un voyage en train de Paris à Heidelberg, elle revoit tout ce qu’elle a vécu. Chloé Delaume parle justement d’autofiction écrite avec davantage de recul.

 

 

 

 

 

De son côté, Hugo Lindenberg ne paraît pas très à l’aise pour développer les idées qui l’ont conduit à écrire « La Nuit imaginaire » après « Un jour ce sera vide » qui avait obtenu le Prix du Livre Inter 2021.

 

 

Son narrateur regarde les feuilles tomber dans les jardins du Luxembourg et découvre un secret sur la mort de sa mère.

Alors, il veut comprendre les raisons de ce suicide, dans un train, gare de Lyon. Il a vingt ans, est étudiant, découvre le monde homosexuel et un groupe de femmes psychanalystes dont sa mère faisait partie. Ivresse, deuil, liberté ? À chacun de choisir…

 

 

Sylvain Prudhomme « L’Enfant dans le taxi ».

 

 

Toujours avec Salomé Kiner, revoilà Sylvain Prudhomme, écrivain spontané, toujours apprécié ! « L’Enfant dans le taxi » est son dixième livre en quinze ans et lui permet d’explorer une altérité et une liberté qui pourraient être aliénantes…

 

Comme nous avions été séduits par son roman récompensé par le Prix Femina 2019, « Par les routes », et que nous avions lu ensuite avec plaisir « Les orages », nous étions curieux d’entendre à nouveau l’auteur parler de son dernier roman. Ainsi que le titre l’indique, cet enfant est dans un taxi qui le conduit chez son père. C’est un livre sur le déchirement à cause d’un secret de famille posant des questions importantes : qu’est-ce que l’amour ? que veut dire faire famille ?

 

Sylvain Prudhomme avoue volontiers qu’il a écrit ce roman à partir d’un matériau familial. C’est l’occasion, pour l’auteur, de rappeler que 400 000 enfants de soldats alliés sont restés en Allemagne, une fois la Seconde guerre mondiale terminée.

 

 

Enfin, réflexion intéressante de Sylvain Prudhomme à propos de son métier d’écrivain : « Chaque écrivain peut décrire différemment la même scène en y apportant son regard personnel. » C’est pour cela que la lecture est un loisir si passionnant comme le fait d’écouter des auteurs parler de leur travail.

 

Léonor de Récondo « Le Grand Feu »

et Angélique Villeneuve « Les Ciels furieux ».

 

 

Pour finir la journée, place de l’Hôtel de Ville, voici Maya Michalon qui réunit un nouveau duo de deux brillantes écrivaines : Léonor de Récondo et Angélique Villeneuve. Leurs héros sont des héroïnes, comme le souligne d’emblée l’animatrice.

 

Léonor de Récondo dont nous avons déjà lu « Manifesto » et « Revenir à toi », est une excellente violoniste et puisqu’elle connaît très bien cet instrument et la musique, elle en fait un élément important de son roman. Ainsi, amour et musique sont intimement liés au travers de l’histoire d’Ilaria et l’autrice avoue que c’est la première fois qu’elle ose mêler ses deux passions dans un même roman.

 

L’histoire se passe à Venise à la toute fin du XVIIe siècle. Ilaria grandit dans cette communauté où l’on vit comme dans un couvent. Antonio Vivaldi enseigne à la Piéta et Ilaria sera même sa copiste.

Le Grand Feu brûle dans son cœur, c’est un souffle qui l’anime, feu de l’amour qui la libère. Décidément, Léonor de Récondo a bien fait de raconter pareille histoire nous faisant comprendre que le violon devient partie intégrante du corps lorsque l’on en joue avec passion comme l’autrice elle-même.

 

 

Angélique Villeneuve était à Manosque en 2020 pour « La Belle Lumière », roman qui avait été un énorme coup de cœur. Aussi, nous la retrouvons avec plaisir pour un nouveau livre : « Les Ciels furieux ».

 

 

À hauteur d’enfant – Henni a 8 ans - Angélique Villeneuve raconte vingt-quatre heures de sa vie car son père a confié trois bébés aux trois aînées après l’intrusion sauvage d’hommes venus tout casser, piller, assassiner ces gens parce qu’ils sont Juifs.

 

L’autrice a travaillé sur les pogroms et a noté les prénoms des victimes pour allumer une petite bougie en leur mémoire. « Les Ciels furieux » est une histoire de vie, d’énergie.

 

Pour tenir, Henni a donné à chacun de ses doigts le nom d’un membre de sa famille pour ne pas les oublier et vivre avec eux. Menée avec de courts chapitres, cette histoire est encore remarquablement contée par Angélique Villeneuve qui ne déçoit jamais ses lecteurs.

 

 

Ghislaine et Jean-Paul

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M
Voilà des rencontres très intéressantes en effet et riches en échanges. J'ai noté certains de ces titres, d'autres ne sont pas encore dans ma médiathèque. Merci pour ce partage.
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J
Merci, Manou, il me reste encore deux journées à relater mais ça viendra...
D
merci pour ce joli retour sur ces journée manosquines, un régal de te lire !
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J
Oh, Dominique, tu es trop gentille !
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