Ian Manook : Aysuun

Aysuun    par   Ian Manook.

Albin Michel (2023) 342 pages.

 

Plonger dans un nouveau roman signé Yan Manook est toujours un vrai régal et Aysuun ne déroge pas à la règle, en ce qui me concerne. Une fois de plus, l’auteur que j’avais découvert avec Yeruldelgger, m’a emmené loin, dans les steppes d’Asie faisant partie de l’ex-Urss.

 

Nous sommes en 2023 et c’est une très vieille femme qui raconte. C’est Aysuun. Elle a 106 ans et toute sa tête pour raconter sa légende à un étudiant qu’elle nomme petit frère, comme c’est la coutume chez les Touvans, son peuple, dont elle va nous détailler de nombreuses coutumes et traditions au cours du récit d’une vengeance extraordinaire.

 

 

Fidèle à son habitude, Ian Manook, intitule chaque chapitre avec les derniers mots de celui-ci. C’est amusant et souvent déroutant. Sans délai, il m’aspire, par l’intermédiaire de son héroïne, dans une histoire folle, pleine de rebondissements, de surprises et de coups de théâtre.

 

 

Aysuun a 13 ans lorsque le drame survient, drame qui va pulvériser sa famille et la marquer à jamais. Comme tous les nomades de la région, ils vivent dans une yourte, élèvent quelques chèvres et respectent viscéralement la nature, même s’il faut prélever de quoi se nourrir, toujours avec le plus grand respect.

 

 

Le pouvoir communiste tente d’éradiquer le nomadisme. Pour cela, tous les moyens sont bons, même les plus atroces comme violer, tuer, avilir.

 

 

Vingt ans plus tard, Mongols et Touvans sont toujours oppressés par l’empire soviétique, même après la disparition de Staline. Aysuun est devenue une excellente cavalière. Oligbay, fille des steppes est son amie et elles vivent dans le district militaire de Transbaïkalie. Je ne le répèterai jamais assez mais qu’elles sont belles les descriptions de la steppe autrefois ! Ian Manook sait faire vivre faune et flore de manière remarquable, faisant prendre conscience, une fois de plus, si s’est nécessaire, combien les humains se croyant évolués ont tout saccagé.

 

 

Le commandant Bolchakov dirigeait le secteur mais voilà qu’arrive un colonel, nommé Kariakine. Il vient suppléer Bolchakov et veut tout réorganiser. Tellement imbu de sa personne, son mépris n’a d’équivalent que sa cruauté envers ceux qui sont censés le servir. Ce dénommé Kariakine, Aysuun l’a reconnu. Lorsque celui-ci décide de parader sur Tara, son Akhal-Teke, une des plus anciennes races de chevaux du monde, l’histoire s’emballe… et va me captiver jusqu’au bout.

 

 

Au cœur des légendes des Touvans, au plus près des pratiques chamaniques, tout devient vivant. Même le menu de Kariakine est détaillé avant de découvrir ce que mangent Aysuun et ses amis, au fil de l’histoire. Traditions, superstitions côtoient l’évidence. Tout cela agrémenté des noms du terroir que l’auteur ne manque pas de traduire, d’expliquer pour faciliter la compréhension.

 

 

Dans cette véritable ode à la nature, à la vie sauvage, il faut souligner l’importance des chevaux, mais aussi des rennes, des loups, des ours et surtout d’un aigle.

 

 

Avec ça, l’histoire est palpitante, jubilatoire par moments et même érotique grâce aux amours d’Aysuun et Tumur. Ah ! Faire l’amour sous un ciel étoilé au cœur de la steppe ! Inégalé !

 

Aysuun réserve donc d’agréables séquences qui agrémentent de terribles moments, de surprises incroyables, jusqu’à la dernière ligne. Une fois de plus, Ian Manook (Patrick Manoukian) m’a conquis et je sais que je ne raterai pas son prochain roman.

 

Jean-Paul

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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M
J'ai découvert en effet cet auteur avec sa série "Yeruldelgger" mais je n'ai rien lu d'autres depuis à part "Askja" qui se passe en Islande. Alors pourquoi ne pas continuer à le découvrir...je vais voir si ce titre est dans ma médiathèque. Merci pour cette belle chronique toujours remarquablement illustrée
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J
Merci Manou ! Je ne peux que t'encourager à lire Ian Manook.
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