Javier Cercas : Le Château de Barbe-Bleue

Le Château de Barbe-Bleue    par   Javier Cercas.

Traduit de l’espagnol par Aleksandar Grujicic et Karine Louesdon.

Titre original : El Castillo de Barbazul.

Actes Sud (2023) 346 pages.

 

 

 

Avec Le château de Barbe-Bleue, Javier Cercas clôt avec brio sa trilogie policière commencée avec Terra Alta puis Indépendance. Et pour ceux qui n’auraient pas lu les deux premiers tomes ou auraient oublié, Javier Cercas prend soin de récapituler l’itinéraire de son héros.

 

 

 

On retrouve donc Melchor Marin. Hanté par la mort de sa femme, il a quitté la police, s’est installé dans le village de Gandesa en Terra Alta où il occupe un poste de bibliothécaire et se consacre à sa fille Cosette.

 

 

 

Celle-ci, 17 ans, ayant découvert que son père lui avait menti, que sa mère n’était pas morte accidentellement comme il le lui avait dit pour la protéger, mais que c’est son sens inflexible de la justice qui en était la cause, est partie quelques jours avec une amie aux Baléares.

 

 

Mais l’amie revient seule, Cosette étant restée à Majorque (photo ci-dessous).

 

 

L’ancien policier, fou d’inquiétude, pressent rapidement que sa fille est en danger, celle-ci ne donnant bientôt plus signe de vie.

 

 

Il part sur ses traces, se rend sur place à Pollença (photo ci-dessus) et finit par découvrir que Cosette est sans doute séquestrée et victime de violences sexuelles dans la maison qu’un multimillionnaire suédois  a bâtie à Formentor (photo ci-dessous).

 

 

Pour lui, une seule solution : agir, mener l’enquête, et pour cela il est prêt à remuer ciel et terre pour retrouver sa fille et détruire ce prédateur, ce Barbe-Bleue des temps modernes qui semble intouchable et à l’abri des lois grâce à son immense fortune.

 

 

 

Javier Cercas nous entraîne avec lui en Espagne, dans une course effrénée et angoissante aux côtés de Melchor.

 

 

Et me voilà à tourner les pages tant la situation est haletante et bien que celle-ci soit noire et absolument inacceptable, je n’ai eu qu’une hâte, connaître le dénouement de cette affaire.


 

 

Javier Cercas a un talent incroyable pour tenir son lecteur en haleine tout en se penchant sur des sujets très forts.

 

 

Ainsi,  Le château de Barbe-Bleue est un polar dans lequel l’enquête menée par Melchor et ses amis sert à dénoncer la corruption des politiques et des policiers, l’intolérable impunité des puissants et la violence à l’encontre des femmes et des plus jeunes. Il est question également de haine, de vengeance mais il fait une belle place à la solidarité et à l’amour et célèbre l’héroïsme d’hommes et de femmes ordinaires tout en soulignant la fragilité de notre humanité.

 

 

 

L’auteur n’hésite pas à se mettre ironiquement lui-même en scène et ce avec beaucoup d’autodérision.

 

 

On ne peut qu’être ému et bouleversé par l’amour que Melchor porte à sa fille, par la rage qui l’anime pour que justice soit rendue. Comment, en outre, ne pas être touché par cet homme passionné par les livres, ce Melchor qui grâce aux Misérables avait découvert sa vocation de policier. Dans ce troisième opus, nous le retrouvons absorbé par la lecture de Nid de gentilhomme, puis par Les mémoires d’un chasseur de Tourgueniev. Il sera également question du célèbre poème de Rudyard Kipling « If ».

 

 

Même le football s’invite dans ce polar avec un match Barça-Madrid en finale de la Champions qui aura un rôle stratégique de grande importance !

 

 

Le Château de Barbe-Bleue, de Javier Cercas (photo ci-dessus), est un fabuleux polar, rythmé et nerveux, un très grand roman psychologique, une dénonciation bouleversante de la violence exercée à l’égard des femmes et de la corruption de notre société.

Ghislaine

 

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